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Poulets de chair

L’élevage des poulets de chair

À quoi ressemble la vie d’un poulet élevé pour sa chair ?

Naissance dans des couvoirs industriels

© Igualdad Animal

Quel que soit le mode d’élevage, les futurs poulets naissent dans des couvoirs industriels qui font éclore des milliers d’œufs par jour. Sans avoir eu le moindre contact avec leur mère, les poussins à peine sortis de l’œuf sont envoyés sur des tapis roulants, triés brutalement pour éliminer les plus faibles, puis vaccinés systématiquement. Les poussins (mâles et femelles), âgés d’un jour seulement, sont alors envoyés dans des élevages d’engraissement. Le trajet en camion, sans eau ni nourriture, peut durer une journée. Arrivés dans les élevages, les jeunes oiseaux sont rassemblés par milliers dans un bâtiment dont ils ne sortiront plus jamais.

Plus de 80 % des poulets détenus en élevage intensif

En France, la grande majorité des poulets sont enfermés toute leur vie en bâtiment, sans accès à l’extérieur. Ils doivent également cohabiter dans une promiscuité extrême. À raison de plus de 20 oiseaux par mètre carré dans les élevages standards1, chaque poulet dispose de la surface d’une feuille A4 pour vivre ! On est très loin des 6 oiseaux par m2 maximum que recommande l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments2.

Avec de telles densités et sans aucun accès à l’extérieur, les poulets ne peuvent vraiment satisfaire aucun des 10 besoins comportementaux propres à leur espèce : se déplacer, chercher sa nourriture, se percher, se reposer, s’étirer/battre des ailes, faire des bains de poussière/de soleil, se toiletter, interagir avec ses congénères, jouer3. La plupart souffrent donc d’un stress chronique, et nombre d’entre eux développent des troubles du comportement comme le « picage » (arracher ses propres plumes) voire le « cannibalisme ».

Dans ces élevages, plus les jeunes oiseaux grandissent, plus leur espace de vie se réduit. Leur environnement devient aussi de plus en plus sale, car leur litière n’est pas changée une seule fois au cours de leur existence. Les poulets évoluent alors sur une croûte d’excréments. En plus de l’inconfort, l’ammoniac qui s’en dégage provoque des troubles respiratoires. Le contact prolongé avec ce sol souillé est également à l’origine de cloques et de brûlures de la peau appelées dermatites. À tout cela s’ajoutent des troubles musculo-squelettiques causés par leur croissance ultra rapide4.

En plus d’engendrer des douleurs chroniques, ces boiteries peuvent empêcher les poulets d’atteindre les mangeoires et les abreuvoirs. Il arrive donc qu’ils meurent lentement de faim ou de soif5. D’autres meurent de déficience cardiaque ou respiratoire avant même d’atteindre l’âge d’abattage, qui est pourtant seulement de 35 jours ! Les cadavres des poulets qui n’ont pas survécu à ces terribles conditions de vie devraient être quotidiennement retirés par l’éleveur, mais beaucoup se décomposent sur la litière. Le taux de mortalité atteint quasiment 4 % en seulement 35 jours d’élevage6.

Au bout de 35 jours, les poulets sont considérés comme suffisamment gros pour que leur abattage soit rentable. Cette espérance de vie en élevage ne cesse de diminuer et les poulets destinés à l’exportation sont tués encore plus jeunes. Une vie bien courte lorsque l’on sait que leur espérance de vie naturelle est estimée à plus de 8 ans ! Ces 35 jours passés, il reste une ultime étape au calvaire des poulets : l’abattage. Avant d’être transportés, les poulets sont ramassés de façon si violente que les fractures des pattes et des ailes sont nombreuses7. Un triste avant-goût de leur mise à mort…

Et les autres modes d'élevage ?

Tableau comparatif 8, 9

En France, 14 % des poulets sont élevés dans des systèmes alternatifs (principalement bio et Label rouge)10. Ils ont alors accès à l’extérieur. Les souches sélectionnées sont plus rustiques et les animaux moins exposés aux problèmes de santé dus à la croissance accélérée.

Cependant, quel que soit le mode d’élevage, les poulets sont élevés dans des groupes de plusieurs milliers d’individus et des problèmes perdurent dans ces élevages (densités, mortalité…). Les manipulations brutales, telles que le tri des poussins ou le ramassage avant le transport, sont également des pratiques communes à tous les modes d’élevage. Dans les couvoirs, les poussins jugés trop faibles ou peu rentables sont éliminés par broyage ou gazage. Quant aux méthodes d’abattage, elles sont les mêmes, quel que soit le mode d’élevage.

À noter : les poulets de Bresse AOC disposent d’un accès à l’extérieur durant la première partie de leur vie, mais sont ensuite confinés dans des cages de batterie appelées épinettes pendant 10 à 15 jours, dans l’obscurité complète et permanente.

Quelques chiffres

75 milliards
de poulets sont élevés et abattus chaque année dans le monde11.

Près de 700 millions de poulets
sont élevés et abattus chaque année en France12.

84 %
des poulets élevés en France n’ont jamais accès à l’extérieur13.

91 % des Français
sont contre l’élevage intensif de poulets14.

22,2 kg
par personne et par an : c’est la consommation actuelle de viande de poulet en France15.

0,35 €
c’est le prix dérisoire d’un poussin acheté par un éleveur en 202116.

Arrêter de consommer leur viande est le plus sûr moyen d’éviter toutes ces souffrances inutiles.

Sources
  1. ITAVI (Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole), 2022. Performances techniques et coûts de production en volailles de chair, poulettes et poules pondeuses : résultats 2021, 35 p (p. 10).
  2. EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), 2023. « Welfare of Broilers on farm », EFSA Journal, vol. 21 n° 2, 236 p. (p. 170). 
  3. Warin, L., et al., 2022. « Quels sont les besoins comportementaux de l’espèce Gallus Gallus Domesticus ? », 14es Journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras, Tours, 9 et 10 mars 2022, p. 1-6.