La grande majorité des poulets de chair sont envoyés à l’abattoir à l’âge de 35 jours1. Quelle que soit la manière dont ils ont été élevés, tous subiront la même violence : des manipulations brutales, un transport dans des caisses exiguës, et une mort douloureuse. Le processus d’abattage le plus couramment utilisé cause des luxations pour près de la moitié des poulets et des fractures pouvant concerner 8 % d’entre eux4, 8.
Avant la mort, la brutalité insoupçonnée du « ramassage »
L’électronarcose par bain d’eau, une méthode d’abattage hautement décriée
Une fois à l’abattoir, les poulets sont manipulés tout aussi brutalement. En France, l’électronarcose par bain d’eau est la méthode d’étourdissement la plus répandue dans les abattoirs de volailles. Hautement décriée4, cette pratique nécessite d’accrocher les oiseaux encore conscients par les pattes.
Les poulets se retrouvent tête en bas, suspendus à des crochets métalliques avançant sur un rail (la chaîne d’abattage). Cet accrochage en pleine conscience provoque un stress et des douleurs considérables. Les douleurs sont liées à la pression exercée sur les pattes, à l’entrave des membres et à la position tête en bas. Comme pour le ramassage, l’INRA souligne que les fractures, les luxations et les hémorragies sont fréquentes lors de cette opération5. L’EFSA précise que ce process peut causer des luxations des pattes ou des ailes à 50 % des oiseaux, et des fractures pour 1 à 8 % d’entre eux4.
Suite à cette étape, la tête des oiseaux est immergée dans un bain d’eau électrifié censé provoquer la perte de conscience. Les poulets sont ensuite saignés par une lame automatique (ou au couteau, voire aux ciseaux dans les plus petites structures). Dans certains cas, l’intensité du courant est trop faible pour rendre les poulets inconscients. Ils sont alors saignés en pleine conscience. Ce choix peut être effectué, en toute illégalité, afin d’éviter l’éclatement de vaisseaux sanguins et ainsi garantir une meilleure qualité de la viande3.
En 2014, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a recommandé de cesser l’usage de cette méthode au profit d’autres techniques d’étourdissement4, jugées moins nocives pour les oiseaux, mais encore très peu pratiquées en France.
Les abattages rituels, avec ou sans étourdissement ?
La cérémonie des Kapparot
Dans la tradition juive, le rite des Kapparot est parfois accompli en préparation de la fête de Yom Kippour. Il consiste à faire tourner un poulet trois fois au-dessus de sa tête puis à l’égorger à vif en récitant le texte approprié. Une souffrance indéniable pour des centaines de milliers de jeunes oiseaux tétanisés.
Ici des images de ce rituel pratiqué en France (enquête L214, 2016) :
Cette tradition cruelle est encore pratiquée chaque année en France, alors qu’en Israël, pays majoritairement juif, le gouvernement incite les croyants à remplacer les mises à mort de poulets par des dons d’argent aux plus démunis.
En savoir plus sur les méthodes d’abattage en France
Lire « Dans le crâne d’un tueur », témoignage d’un employé d’un abattoir de poulets
1. 35 jours pour les poulets élevés de manière standard, 32 jours pour les poulets destinés à l’export, 56 jours pour les poulets certifiés, 81 jours pour les poulets bio et 84 jours pour les poulets Label rouge.
ITAVI (Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole), 2015. Performances techniques et coûts de production en volailles de chair, poulettes et poules pondeuses : résultats 2014, 64 p.
1. 35 jours pour les poulets élevés de manière standard, 32 jours pour les poulets destinés à l’export, 56 jours pour les poulets certifiés, 81 jours pour les poulets bio et 84 jours pour les poulets Label rouge.
ITAVI (Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole), 2015. Performances techniques et coûts de production en volailles de chair, poulettes et poules pondeuses : résultats 2014, 64 p.
2. Chambres d’agriculture des Pays de la Loire, 2013. Enquête sur le ramassage des volailles, 24 p (p. 15-16).
3. CIWF, 2016. « L’abattage des poulets de chair », CIWF recherche, mai 2016, 9 p.
4. EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), 2014. « Scientific Opinion on Electrical Requirements for Poultry Waterbath Stunning Equipment ». EFSA Journal, 12(7):3745.
5. INRA (Institut national de la recherche agronomique), 2009. Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage, 342 p. [Rapport d’expertise réalisé par l’INRA à la demande du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche].
6. Goualan, N., 2022. Réduire le taux d’ailes cassées à l’abattoir, Paysan Breton
7. Belghiti L., 2010. « Les dessous du halal : abattage rituel, électronarcose, assommage, qu'en est-il ? », Saphir News [Entretien avec Fethallah Otmani, directeur administratif de l’association AVS, label de certification halal].
8. Mota-Rojas M.J. et al., 2008. « Welfare at Slaughter of Broiler Chickens: A Review », Journal of Poultry Science, 7 (1): 1-5.