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L'abattage des animaux

Arrivée et attente des animaux à l’abattoir

Après un transport éreintant, les animaux attendent souvent de longues heures à l’abattoir avant d’être mis à mort. Beaucoup sont parqués dans des conditions désastreuses, et subissent des manipulations brutales au moyen d’aiguillons électriques. Quelques règles existent pour tenter de limiter leurs souffrances, mais elles sont loin d’être suffisantes ni toujours respectées.

Le déchargement et les contrôles

Cochons déchargés à l'abattoir d'Alès en 2015

À l’arrivée à l’abattoir, les animaux doivent théoriquement être déchargés des camions « le plus rapidement possible »1, un principe réglementaire dont l’application est difficilement contrôlable. Les gros animaux sont alors parqués dans l’enceinte de l’abattoir, alors que les oiseaux et les lapins restent dans les caisses de transport jusqu’à l’abattage.

Concernant le déchargement, la réglementation exige que les animaux ne soient « ni lancés ni renversés »2, et que l’usage de l’aiguillon électrique pour les faire avancer soit « évité dans la mesure du possible », le cas échéant appliqué uniquement sur des animaux qui ont la possibilité d’avancer, et uniquement sur les membres postérieurs des bovins adultes et des cochons3.

En pratique, nos enquêtes ont montré que les aiguillons électriques sont utilisés de manière routinière par les employés des abattoirs, et qu’il n’est pas rare de les voir utilisés sur les parties les plus sensibles des animaux, y compris lorsqu’ils n’ont pas la possibilité d’avancer, comme à l’abattoir d’Alès (cf. vidéo).

Lors du déchargement, l’état de santé des animaux doit également être évalué, et des mesures prises pour ceux « présentant des besoins particuliers »4. En pratique, lorsque ce contrôle est effectivement réalisé, les animaux blessés ou malades sont simplement euthanasiés et évacués à l’équarrissage avec ceux qui sont morts pendant le transport. Mais il arrive aussi que des animaux en état de grande faiblesse soient tout de même conduits sur la chaîne d’abattage. Le président du groupe Bigard lui-même, Jean-Paul Bigard, explique être souvent choqué par l’état de santé des bovins à leur arrivée à l’abattoir :

« Je suis très souvent choqué par l’état physiologique invraisemblable des animaux qui arrivent à l’abattoir, et dont l’abatteur n’est pas responsable. Ces animaux ont pourtant vécu dans des prés, dans des étables, mais les vétérinaires les ont vus plus ou moins rapidement, plus ou moins soigneusement. »5

L’attente à l’abattoir

Après le déchargement, la réglementation exige que les animaux soient abattus « sans délai inutile »6. Lorsqu’une attente est tout de même nécessaire, elle demande à ce qu’ils disposent d’un espace suffisant pour « se tenir debout, se coucher et se retourner »7 ; et s’ils sont abattus dans un délai de plus de 12 heures, ils doivent être nourris, disposer d’eau potable et de litière8. En pratique, nos enquêtes ont révélé des animaux entassés à l’extrême, comme à l’abattoir de Houdan en 2017 (cf. photo). Un audit effectué par l’Office Vétérinaire européen (OAV) dans des abattoirs français en 2015 a également relevé l’absence fréquente d’alimentation et de litière lorsque les animaux restent plus de 12 heures à l’abattoir9.

Le couloir de la mort

Dernière étape avant l’abattage : le couloir de la mort. Les animaux sont conduits les uns à la suite des autres vers les dispositifs de contention où ils seront « étourdis ». Pétrifiés par le stress, il est rare qu’ils avancent par eux-mêmes dans ces espaces exigus, qui portent l’odeur de la mort de leurs congénères. Pour les faire avancer contre leur gré, des aiguillons électriques sont là encore utilisés par les employés. Les utilisations abusives de cet outil (sur la tête, les yeux, ou encore sur de jeunes animaux) ne sont pas rares, de même que les coups de pied ou la torsion de la queue, également interdits10. Une conception des locaux inadaptée peut encore renforcer la violence de l’opération : c’est par exemple le cas des couloirs à angles droits comme à l’abattoir de Houdan, qui freinent la progression des animaux et occasionnent une plus forte utilisation de l’aiguillon électrique.

Le calvaire des animaux à l’abattoir ne se limite pas à l’abattage. Durant de longues heures avant d’être mis à mort, encore vivants mais déjà « viande », ils sont à la merci des employés qui n’ont d’autre choix que d’utiliser la force et la peur pour les faire avancer. Une cruauté inévitable lorsqu’on conduit vers la mort des êtres qui ne veulent pas mourir.

Sources

1 Règlement (CE) 1099/2009 du conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort. Annexe III, 1.2.
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32009R1099

2 Règlement (CE) 1099/2009 du conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort. Annexe III, 1.3.
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32009R1099

3 Arrêté du 12 décembre 1997 relatif aux procédés d'immobilisation, d'étourdissement et de mise à mort des animaux et aux conditions de protection animale dans les abattoirs. Annexe I, 4.a.
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000204001