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Cochons

Des porcelets mutilés

À peine âgés de 7 jours, les porcelets subissent 3 mutilations extrêmement douloureuses : la coupe de la queue, l’épointage des dents et la castration (pour les mâles).

Coupe de la queue sans anesthésie

99 % des élevages français coupent systématiquement la queue des porcelets durant leur première semaine de vie1. Le but : prévenir la caudophagie, c’est-à-dire les morsures de la queue infligées entre congénères. Ce trouble du comportement est dû aux conditions d’élevage inadaptées du modèle intensif. Privés d’espace, de litière et de toute stimulation, les cochons reportent leur frustration sur leurs congénères en leur infligeant de graves blessures.

Couper systématiquement la queue des cochons est interdit depuis plus de 20 ans. Selon l’arrêté du 16 janvier 2003, les éleveurs ne peuvent avoir recours à la caudectomie qu’en cas d’ultime nécessité, lorsque toutes les autres mesures ont échoué (ajout de litière, amélioration de la qualité de l’air, réduction des densités…). L’EFSA recommande elle aussi l’arrêt de cette pratique qu’elle juge douloureuse pour les animaux et inutile lorsque les conditions d’élevage sont adaptées à leurs besoins2.

Avec la complaisance des services vétérinaires, et malgré la mise en garde de la Commission européenne en 2020, la quasi-totalité des élevages continuent cependant de mutiler les animaux. Les cochons ont la queue coupée à vif, c’est-à-dire sans anesthésie ni traitement contre la douleur. La lésion des nerfs génère une douleur aiguë mais aussi des douleurs chroniques similaires à celles décrites chez l’homme après une amputation3. En 2023, la justice française a d’ailleurs reconnu que la caudectomie constituait un acte de mauvais traitement envers les animaux.

Épointage des dents

La majorité des porcelets4 ont également le bout des canines et des incisives sectionné à l’aide de pinces coupantes ou limé à l’aide d’une meule rotative. Tout cela sans anesthésie. Le but de cette mutilation est d’éviter que les porcelets ne causent des lésions aux mamelles des truies ou ne blessent leurs congénères lors de la tétée.

Les deux techniques peuvent provoquer des effractions de la pulpe dentaire (cœur de la dent) et des fractures de la dentine qui la recouvre, mais aussi des hémorragies, des nécroses et des abcès5. Elles génèrent des douleurs aiguës mais aussi sur le long terme, en raison des réactions inflammatoires qui peuvent persister durant 6 semaines6.

Comme la coupe des queues, l’épointage des dents est interdit en routine par la réglementation7. Mais là encore, l’intensification de l’élevage pousse les élevages à enfreindre la loi. Avec des truies sélectionnées génétiquement pour mettre au monde des portées de plus en plus grandes, la compétition entre porcelets pour l’accès aux mamelles est incontournable (voir Une productivité sans limites).

Castration

En France, 75 % des porcelets mâles subissent une castration chirurgicale avant l’âge de 7 jours8. Le but est de satisfaire aux cahiers des charges des industriels et d’éviter une odeur nauséabonde dégagée à la cuisson de la viande dans moins de 3 % des cas9. En pratique, les cordons spermatiques sont coupés à l’aide d’un scalpel, d’un émasculateur ou de ciseaux.

Depuis le 1er janvier 2022, la castration à vif est interdite en France10. La castration chirurgicale reste autorisée sous anesthésie locale et sous analgésie. Les éleveurs peuvent la pratiquer eux-mêmes par dérogation. L’anesthésique est injecté par piqûre directement dans les testicules, ce qui est en soi un geste douloureux11. L’analgésie est une injection dans le muscle d’anti-inflammatoires qui ne soulagent les porcelets que durant 24 h12.

La Société nationale des groupements techniques vétérinaires demande l’arrêt de la castration chirurgicale des porcelets13. Aucune des méthodes étudiées ne provoque selon eux une anesthésie suffisante pour garantir un bon contrôle de la douleur. Les vétérinaires soulignent également les difficultés de mise en œuvre par les éleveurs. Il est par exemple indispensable de laisser à l’anesthésique le temps d’agir avant d’opérer, ce qui est incompatible avec les cadences de l’élevage intensif où les porcelets sont castrés à la chaîne. La présence d’un vétérinaire n’est pas obligatoire et dans les faits, l’usage d’anesthésiant et d’analgésiques n’est simplement pas contrôlé. De nombreux porcelets sont toujours castrés à vif, sans anesthésie ni traitement antidouleur.

Sources