Pourquoi le système résiste ?
Si la majorité des Français et Françaises souhaitent réduire leur consommation de produits d’origine animale, la réalité évolue peu. La consommation de viande plafonne depuis près de 50 ans, autour de 80 kg par personne et par an. Celle de poissons stagne autour de 30 kg.
Pourquoi ce décalage entre la volonté individuelle et les actes collectifs ? Parce que tout, dans notre environnement, pousse à maintenir le statu quo.

Nos choix alimentaires ne sont pas libres
En apparence, chacun est libre de manger ce qu’il veut. En réalité, nos décisions sont largement influencées par la grande distribution, la publicité et le marketing.
Nous consommons moins de pièces de viande rouge, mais bien plus de produits transformés, qui entretiennent une consommation élevée de viande : plats préparés, sandwichs, nuggets, cordons bleus…
- En magasin, l’offre végétale est marginale. Exemple : plus de 200 références de jambon contre seulement 6 alternatives végétales sur le drive de Carrefour.
- 9 plats préparés sur 10 contiennent de la viande ou du poisson.
Le marketing façonne nos habitudes sans que nous en ayons conscience : placement stratégique en rayons, publicité, réductions… influencent très fortement nos actes d’achat. Tous ces leviers profitent largement aux produits carnés, et très peu aux alternatives végétales. Par exemple, les produits contenant de la viande bénéficient de 48 fois plus de pages de promotion publicitaire que les protéines végétales.
Parler de la réduction du cheptel est encore tabou au niveau européen et national, alors que pour les scientifiques, il n’y a aucun doute sur la nécessité d’une telle mesure, que ce soit pour le climat, la biodiversité, la pollution.
Célia Nyssens
Responsable de la politique agricole au Bureau européen de l’environnement
Une industrie qui pèse lourd sur les décisions politiques
L’influence des filières agroalimentaires dépasse le simple lobbying.
Elle agit à tous les niveaux :
Contre l’émergence de politiques publiques ambitieuses
Contre une information équilibrée
Contre les alternatives végétales (ex. : tentatives d’interdiction des appellations comme « steak végétal »)
Même les institutions publiques ou scientifiques qui osent aborder la question de la réduction de la production animale subissent des pressions et sont accusées d’ « agribashing » – un concept inventé de toutes pièces par l’industrie et les pouvoirs publics pour empêcher toute discussion sérieuse sur le sujet.
Des aides publiques qui entretiennent un modèle obsolète
Les produits d’origine animale sont artificiellement bon marché. Pourquoi ? Parce que l’État les subventionne à plusieurs niveaux :
- aides à la construction d’élevages, à la production, à la promotion, à la publicité ;
- prise en charge des crises sanitaires et environnementales par la collectivité ;
- absence de fiscalité sur les externalités négatives (pollution, émissions, etc.).
Mais ces aides profitent surtout aux coopératives et aux industries. Nombre d’éleveurs croulent sous les dettes, à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros, et sont pris au piège d’un système qui les pousse à produire toujours plus.
Un débat public verrouillé
Remettre en cause la production animale est devenu un sujet sensible, voire tabou.
L214, comme d’autres organisations, fait l’objet de campagnes de discrédit, de procédures-bâillons, et même de surveillance de l’État.
Des actions politiques et citoyennes sont freinées, voire empêchées, alors même qu’elles s’appuient sur des constats partagés par la communauté scientifique. Un repas sans viande ni poisson est encore aujourd’hui fréquemment dénigré.
Pour lever ces blocages, il faut une volonté collective et un changement d’orientation des politiques publiques et économiques.
Et si nous choisissions ensemble de construire un avenir plus juste, pour les animaux, pour l’environnement et pour nous ?
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