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Élevage Herta : les mensonges des services vétérinaires de la préfecture de l’Allier

Le 11/02/2021

De nouvelles images tournées en 2021

Deux mois et demi après la publication d’une première enquête filmée dans un élevage de cochons de l’Allier fournissant la marque Herta, L214 dévoile de nouvelles images tournées en janvier 2021 dans le même élevage. Animaux en souffrance, non-respect de la réglementation : cette nouvelle enquête contredit les services de la préfecture, lesquels concluaient après une inspection vétérinaire menée les 2 et 3 décembre derniers à « la bonne tenue de l’élevage et à l’absence de non-conformité majeure ».

Elevage de cochons de Herta

→ Voir la vidéo listant les violations de la réglementation, images 2021 (libres de droits)

→ Voir la vidéo publique au format 16/9

→ Voir la vidéo publique au format carré

→ Voir et télécharger des photos de l’élevage extraites de la vidéo de 2021 (libres de droits)

→ Voir le site dédié à cette enquête dans un élevage modèle Herta

→ Voir la première enquête filmée dans le même élevage en 2020 (sur YouTube)

Contrairement à ce qu’affirmaient les services vétérinaires dans un communiqué de presse diffusé le 16 décembre 2020, l’élevage viole la réglementation sur une multitude de points : coupe systématique des queues, animaux blessés non soignés, absence d’eau pour nombre d’animaux, absence de matériaux manipulables pour occuper les cochons, toiture en train de s’écrouler dans l’un des bâtiments (voir le détail ainsi que les références réglementaires plus bas). Des non-conformités persistantes et facilement observables que la préfecture aurait dû relever et sanctionner lors de son inspection début décembre.

Les conclusions – faussement rassurantes – de cette inspection ont eu plusieurs conséquences :

  • Herta, qui avait cessé ses approvisionnements avec cet élevage, les a repris et continue de commercialiser la viande de ces cochons dans sa « filière Préférence ».
  • La chaîne de supermarchés britannique Waitrose, qui avait cessé de distribuer les produits Herta à base de cochon, est également revenue sur sa décision.
  • Jean-Baptiste Moreau, député et porte-parole de La République en marche, a profité de l’occasion pour mettre en cause le sérieux du travail de L214, notamment dans un tweet et dans le cadre de la mission d’information sur les moyens de juguler les entraves à l’exercice de certaines activités légales (intervention à 01:03:12).

L214 envoie à la justice ces nouvelles images, certifiées par des preuves de date et de lieu, en complément de la plainte qu’elle avait déposée pour maltraitance envers les animaux auprès de la procureure de Moulins.
L’association dépose également un recours préalable qui sera suivi, le cas échéant, par un recours en responsabilité contre l’État pour les manquements des services vétérinaires à leur mission.

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 : « Sans ces nouvelles images, le rapport d’inspection des services vétérinaires pouvait laisser penser que cet élevage était en conformité avec la réglementation. Comme pour l’abattoir de veaux à Sobeval (au sujet duquel des emails avaient fuité qui démontraient que le ministère de l’Agriculture mentait au public sur la situation de l’abattoir), cette nouvelle affaire ruine à nouveau la confiance dans les services vétérinaires de l’État. C’est une situation totalement scandaleuse. Nous allons déposer un recours en responsabilité contre l’État.
La marque Herta, elle, continue de commercialiser des produits contraires aux engagements qu’elle a pris pour ses élevages “filière Préférence”. C’est de la tromperie. Nous réitérons notre demande à la marque de s’engager contre les pires pratiques d’élevage. »


Pas de cadavres ?

En deux jours d’inspection, les services vétérinaires assurent ne pas avoir vu de cadavres. Le taux de mortalité moyen en élevage de cochons est de 20 %. Cet élevage produit environ 15 000 cochons par an (pour 600 truies reproductrices). Cela représente 3 000 morts par an, soit environ 8 par jour.
Ces données sont corroborées par le registre de l’élevage où sont notées les mortalités journalières. Pourquoi les services de la préfecture ont-ils tenu à noter l’absence de cadavres ?

Liste des non-conformités montrées par les images

Les textes réglementaires :
1. Arrêté du 16 janvier 2003 établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs
2. Arrêté du 25 octobre 1982 relatif à l’élevage, à la garde et à la détention des animaux

« La section partielle de la queue et la réduction des coins ne peuvent être réalisées sur une base de routine » (arrêté 2003).
Tous les cochons ont la queue systématiquement coupée.

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« Les sols […] doivent être conçus […] de façon à ne pas causer de blessures ou de souffrances aux porcs. Ils doivent être adaptés à la taille et au poids des porcs » (arrêté 2003).
Des porcelets se coincent les pattes dans les caillebotis (fentes du sol) de l’élevage. À l’arrière des truies, l’interstice entre deux barreaux est de 3 cm, bien plus large que les pattes des porcelets.

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« Tous les porcs doivent pouvoir accéder en permanence à une quantité suffisante de matériaux permettant des activités de recherche et de manipulation suffisantes, tels que la paille, le foin, la sciure de bois, le compost de champignons, la tourbe ou un mélange de ces matériaux » (arrêté 2003).
Ce n’est le cas nulle part dans cet élevage, ni pour les truies, ni pour les cochons engraissés. Il y a parfois une chaîne suspendue au plafond, ce qui ne répond pas du tout à la réglementation.

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« Tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir un accès permanent à de l’eau fraîche en quantité suffisante par un dispositif d’abreuvement » (arrêté 2003).
Beaucoup de cochons n’ont pas un accès permanent à l’eau, que ce soit pour les truies en maternité ou pour les truies gestantes.

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« Le logement des porcs doit être construit de manière à permettre aux animaux : d’avoir accès à une aire de couchage […] qui soit convenablement asséchée et propre » (arrêté 2003).
Dans certains enclos, les cochons sont en permanence dans leurs excréments.

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Dans ces conditions, les cochons vivent dans une atmosphère malsaine, malgré les exigences de la réglementation :
« La circulation de l’air, les taux de poussière, la température, l’humidité relative de l’air et les concentrations de gaz doivent être maintenus dans des limites qui ne nuisent pas aux animaux » (arrêté 1982).
Dans certaines parties de l’élevage, la concentration en gaz est telle que les yeux des cochons sont irrités.

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« Tout animal qui paraît malade ou blessé doit être convenablement soigné sans délai […]. Les animaux malades et si nécessaire les animaux blessés sont isolés dans un local approprié garni, le cas échéant, de litière sèche et confortable » (arrêté 1982).
Comme en 2020, on trouve des cochons blessés qui ne sont pas soignés ni isolés.

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« Les locaux doivent être nettoyés, désinfectés […] autant que de besoin » (arrêté 1982).
Une partie insalubre et crasseuse de l’élevage est en train de s’écrouler.

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