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Statut de l’animal : le mensonge électoral de Hollande

François Hollande renie sa promesse et passe sous silence la véritable condition des animaux dans les élevages

À la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture, François Hollande a affirmé dans une interview au journal La France agricole qu’il ne souhaite pas modifier le statut des animaux, au motif d’une attention suffisante déjà portée aux animaux par les éleveurs.

Par cette déclaration, le Président de la République manque à sa parole donnée, lors de la campagne présidentielle en 2012, aux 89 % des Français favorables à la reconnaissance de la nature sensible des animaux dans le Code civil (sondage IFOP).

L’association de défense des animaux L214 réagit à ces propos en publiant une liste non exhaustive des manquements de la France aux normes minimales de protection des animaux élevés pour la consommation, ainsi que des procédures d’infractions engagées par la Commission européenne pour non-respect des règlements européens.

Ce 21 février, François Hollande a déclaré : « En France, nous aimons les animaux. Et les premiers qui les aiment ce sont ceux les éleveurs qui les soignent. Un agriculteur qui maltraiterait son cheptel détruirait son propre patrimoine. À juste raison beaucoup d’efforts ont été réalisés pour le bien-être animal sans qu’il soit nécessaire de le traduire par une loi. Dans le Code rural notamment, l’animal est déjà considéré comme un être sensible. Pourquoi ajouter d’autres considérations ? »

Reconnaître aux animaux un autre statut que celui d’une chaise ou d’un bâtiment, harmoniser les codes juridiques de façon à soutenir les réglementations encadrant la protection animale ou l’application des peines relatives aux maltraitances, de telles mesures semblent sans fondement pour le président Hollande.

Une caresse dans le sens du poil des éleveurs

Selon lui, une modification du Code civil est par ailleurs inutile, les éleveurs portant à leur animaux l’amour et les soins nécessaires. Une caresse dans le sens du poil des syndicats agricoles qui passe sous silence les infractions massives aux réglementations minimales protégeant les animaux dans les élevages, et les retards d’application des lois pour lesquels la France s’est fait à plusieurs reprises rappeler à l’ordre par la Commission européenne :

Par ses propos, François Hollande exprime par ailleurs une indifférence pour l’ensemble des préjudices causés aux animaux par l’élevage et les abattoirs, quand bien même les normes minimales seraient respectées (mutilations à vif, sacrifice des indésirables, troubles liés à la sélection génétique, restrictions comportementales, absence d’étourdissement…)

Capitulation en rase campagne

Avec lâcheté, François Hollande renie donc les intentions qu’il affichait lors de sa campagne présidentielle en 2012 :

« [[…]] je souhaiterais également, si les Français m’élisent à la présidence de la République, définir un nouveau statut juridique de l’animal qui reflète les vérités scientifiques ainsi que l’évolution de la perception des animaux dans la société. Il me paraît nécessaire de réformer le Code civil afin que ce dernier ne définisse plus l’animal par son utilisation, en tant qu’objet patrimonial, mais bien comme un être sensible.»

(extrait de la lettre de François Hollande à Louis Schweitzer, président de la Fondation Droit Animal Éthique et Sciences.)

Hollande pas prêt, les Français si

Ce reniement intervient alors que la société française est prête pour une réforme du droit et qu’une véritable dynamique s’est engagée autour de ce projet :

  • Octobre 2013 : 24 intellectuels français appellent à faire évoluer le Code civil de façon à cesser de classer les animaux parmi les choses.
  • Selon un sondage IFOP 85% des Français estiment que la question animale mérite d’être traitée « même s’il existe d’autres sujets importants ».
  • La pétition en faveur de la réforme du statut juridique de l’animal a recueilli plus de 570 000 signatures à ce jour.
  • Le colloque « Nous et l’animal » organisé par Écolo-Ethik le 7 février dernier a vu un grand nombre de personnalités d’horizons divers prendre fermement position pour une évolution de notre rapport aux animaux.

Dans ce contexte, s’engager dans une réforme que d’autres pays ont déjà entreprise ne demandait pas un courage politique exceptionnel. Il semble que François Hollande ait néanmoins préféré rechercher un accueil serein lorsqu’il parcourra le Salon de l’Agriculture, quitte à favoriser le malheur des plus vulnérables d’entre nous – les animaux.

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