Faire un don

L214

éthique & animaux

Espace presse
Faire un don

Poules pondeuses : caractéristiques biologiques

Les poules pondeuses sont reconnues comme ayant des besoins spécifiques par le conseil de l’Europe. La Recommandation concernant les poules domestiques (gallus gallus) adoptée par le Comité permanent le 28 novembre 1995 lors de sa 30e réunion, fournit des éléments d’éthologie. Elle souligne l’attention qui doit être portée à chaque poule chaque jour. Il est impossible de respecter cette prescription dans des élevages contenant des milliers de poules.

En résumé : les poules sont des oiseaux qui vivent en groupe sociaux contenant 25 individus au maximum. Elles se perchent, piquent et grattent le sol, se construisent des nids, prennent des bains de poussière. Si ces besoins ne peuvent pas s’exprimer, elles développent des anomalies du comportement : mouvements stéréotypés prolongés et agressivité (voire cannibalisme).
Chaque jour, les poules doivent être examinées par un personnel qualifié et attentif et bénéficier de soins en cas de maladies.

Lire notre fiche éthologique sur les poules et les poulets

Extraits de la Recommandation :

Article 2

Lorsque l’on considère des pratiques d’élevage, les caractéristiques biologiques suivantes de la poule domestique (Gallus gallus) devraient être prises en compte:

a. La poule domestique descend de la poule rouge « de jungle » de l’Asie du sud-est, et a été domestiquée depuis 6000 à 8000 ans. Pendant la majeure partie de ce temps, elle a été élevée comme animal d’agrément ou pour le combat. Dans les 1000 à 2000 dernières années, elle a été élevée pour la production de viande et d’oeufs et ce n’est que depuis 40 à 50 ans qu’elle est élevée de façon intensive pour des caractéristiques de production. Cela, associé aux changements dans les pratiques d’élevage, a eu pour conséquence une augmentation spectaculaire de la production de viande et d’oeufs : une poule sauvage pond à peu près 60 oeufs par an alors que les hybrides dans les années quatre-vingt-dix peuvent en produire plus de 300. La production de viande dans les races de poulets de consommation a augmenté de façon similaire, et le temps nécessaire pour atteindre le poids d’abattage a considérablement diminué.

Cependant, cette sélection intensive des caractéristiques de production n’a pas été suffisamment accompagnée d’une sélection parallèle d’autres critères qui permettraient de protéger la santé et le bien-être des oiseaux dans les conditions imposées par les différents systèmes d’élevage. Bien qu’il existe des variations entre les races de poules domestiques, toutes gardent certaines caractéristiques biologiques de leurs ancêtres sauvages.

La poule de « jungle » présente des types complexes de comportement de cour, de nidification, de ponte, d’incubation, de couvaison et de défense contre les prédateurs.

b. Les poules domestiques sont des animaux sociaux qui, quand cela leur est permis, forment une structure sociale cohérente et communiquent par des appels, des contacts et des manifestations visuelles. L’établissement de la structure sociale se fait par des comportements associatifs, une adaptation sociale et des comportements agonistes (attaque, fuite, éloignement et soumission) et, dans les groupes allant jusqu’à 25 oiseaux, une hiérarchie ou « peck order » est établie. Dans les groupes plus larges, des interactions plus complexes peuvent avoir lieu, avec formation de sous-groupes, mais de nombreux individus peuvent être traités comme des congénères étrangers. Un environnement complexe et enrichi semble réduire la fréquence des interactions agonistes dans les populations avicoles.

c. La poule domestique a gardé le type de comportement alimentaire de la poule « de jungle » qui consiste à piquer et gratter le sol, puis à ingérer. Bien que le degré de conservation de ces comportements varie d’une souche hybride à l’autre, ils sont toujours présents et s’ils sont contrariés, ils peuvent être redirigés vers des blessures infligées à des congénères ou même vers du cannibalisme. Les becs des poules domestiques sont très innervés. La taille du bec (parfois appelée par erreur débecquage) peut avoir pour conséquence la formation de névromes. Les névromes peuvent causer des douleurs sévères et prolongées.

d. La poule domestique, si on lui en donne la possibilité, présentera la même large gamme de comportements de confort et de toilettage que ses ancêtres de la jungle. Cela comprend le lissage, qui implique l’arrangement, le nettoyage et l’entretien général de la santé et de la structure des plumes avec le bec ou les doigts; le redressement et l’ébouriffage des plumes; l’étirement des ailes; et le bain de poussière. Les motivations de ce dernier type de comportement restent particulièrement fortes même quand les oiseaux sont élevés sur des sols grillagés, et il existe chez des oiseaux dépourvus d’ectoparasites et chez ceux dont la glande uropygiale a été éliminée. Les oiseaux auxquels aucun matériel n’est donné pour réaliser des bains dans la litière essayent de le faire avec des plumes et il est probable qu’une des causes du picage de plumes est l’absence de matériel et de conditions permettant ce type de bains.

e. La poule domestique a conservé face à des prédateurs de nombreux comportements tels que l’immobilité, les cris d’alerte, les tentatives soudaines de fuite face au danger, et, si elle est capturée, le fait de se débattre et de crier. De telles réponses comportementales peuvent être associées à, ou remplacées par des réponses de détresse et physiologiques.

f. La poule domestique a conservé un comportement de cour quand les deux sexes sont représentés dans un même groupe, mais de nombreuses souches d’hybrides n’ont pas de comportement marqué d’incubation et de couvaison. Cependant, toutes les poules présenteront des éléments de comportement normal de nidification et de ponte: examen du lieu de nidification, construction du nid, repos, déplacements accrus, cri avant la ponte, mouvements d’oviposition, position debout et caquetage. Le répertoire complet n’est observé que lorsqu’un site de nidification adéquat tel qu’une boîte est fourni, mais si cela n’est pas le cas, les comportements n’apparaissent que sous une forme réduite et l’on constate des anomalies du comportement telles que des déplacements stéréotypés prolongés.

Article 6

1. Les troupeaux ou les groupes doivent être observés minutieusement au moins une fois par jour et de préférence plus fréquemment, calmement et en ne provoquant que la perturbation nécessaire au contrôle de leur condition physique. On doit disposer à cet effet d’une source de lumière suffisamment forte pour pouvoir voir chaque oiseau distinctement.

De telles observations doivent être effectuées indépendamment de l’utilisation de tout équipement de surveillance automatisé.

2. Pour une observation d’ensemble approfondie du troupeau ou du groupe d’oiseaux, une attention spéciale doit être accordée à l’état physique, aux mouvements, à la respiration, à l’état du plumage, des yeux, de la peau, du bec, des pattes, des doigts et des griffes et, si nécessaire, aux crêtes et aux barbillons; on doit également être attentif à la présence de parasites externes, à l’état des fientes, à la consommation de nourriture et d’eau, à la croissance et, pendant la période de ponte, au niveau de production d’oeufs. Le cas échéant, les oiseaux doivent être encouragés à se déplacer. L’observation individuelle doit être réalisée pour les oiseaux pour lesquels l’observation d’ensemble indique que cela est nécessaire.

Article 7

1. Au moment de l’examen, il doit être présent à l’esprit que l’oiseau en bonne santé émet des sons et a une activité propre à son âge, sa race ou son type, qu’il a des yeux limpides et vifs, une bonne posture, des mouvements vigoureux quand il est dérangé, une peau propre et saine, un beau plumage, des pattes et des doigts bien formés, qu’il marche correctement, mange et boit activement.

2. Si les volailles ne semblent pas en bonne santé, ou si elles montrent des signes évidents de comportements aberrants, l’éleveur doit prendre des mesures sans tarder pour en établir la cause et doit entreprendre une action appropriée afin de remédier au problème. Si l’action immédiate entreprise par l’éleveur n’est pas efficace, un vétérinaire doit être consulté, et si nécessaire, l’avis d’un expert sur d’autres problèmes techniques impliqués doit être pris. Si la cause est liée à un facteur de l’environnement au sein de l’unité de production à laquelle il n’est pas essentiel de remédier immédiatement, cela devrait être corrigé quand l’installation est vidée et avant que le lot d’animaux suivant ne soit introduit.

3. Les animaux blessés, malades ou en détresse doivent être traités sans délai et, si nécessaire, séparés du reste du troupeau dans des installations adaptées disponibles à cet effet ou tués conformément à l’Article 22.