Attendue de longue date, la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) ne verra toujours pas le jour. Le cabinet du Premier ministre démissionnaire a mis un veto de dernière minute car gêné par… la formule « réduction de la consommation de viande ». L214 condamne cette décision unilatérale et appelle le prochain gouvernement à se saisir sans tarder de ce dossier.
Une volte-face malgré l’urgence de réduction de la consommation de viande
Le gouvernement sortant a renoncé à publier la SNANC, laissant ce chantier essentiel à l’appréciation du prochain exécutif.
Le terme de « réduction » de consommation de la viande devait pourtant figurer dans le document. Le cabinet du Premier ministre a choisi d’aller à l’encontre du consensus autour de ce terme, approuvé en réunion inter-ministérielle par les ministères de la Santé, de l’Agriculture et de la Transition écologique.
Ce veto, acté in extremis avant la chute du gouvernement et couronnant une série de pressions venues du lobby de la viande depuis plusieurs mois, constitue un recul majeur pour la SNANC. Alors que de nombreux acteurs dépendent de cette stratégie, l’enjeu de réduction de notre consommation de viande est plus urgent que jamais :
- L’élevage est responsable de 70 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole en Europe ;
- Il implique plus d’un milliard d’animaux chaque année, dont l’écrasante majorité est issue d’élevages intensifs ;
- 65 % des protéines consommées en France sont d’origine animale contre seulement 35 % d’origine végétale, ce qui n’est pas soutenable.
Réduire la consommation de viande : une priorité et une attente citoyenne
L’élevage intensif, où les animaux subissent enfermement permanent, promiscuité, mutilations systématiques et absence d’accès au plein air, repose directement sur une consommation trop élevée de viande – plus de 80 kg par an en moyenne en France, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. Tant que cette consommation ne diminue pas, ce modèle restera la norme. Pourtant, 8 Français sur 10 déclarent être opposés à l’élevage intensif.
Réduire de moitié le nombre d’animaux tués pour la consommation de viande d’ici 2030 est une nécessité pour sortir de l’élevage intensif, diminuer notre impact environnemental et répondre à cette attente citoyenne. Cette orientation est au cœur de l’appel du Sauvetage du siècle porté par L214.
L214 appelle le prochain gouvernement à publier la SNANC sans délai et à y inscrire un objectif chiffré de réduction de la consommation de viande, en accord avec le consensus scientifique.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Sans réduction de la consommation de viande, on ne pourra pas sortir de l’élevage intensif. Le prochain gouvernement devra montrer la volonté politique dont le gouvernement déchu n’a pas su faire preuve. Inscrire cette mesure comme un pilier de la transition alimentaire est une urgence et une nécessité. Les citoyens sont prêts à avancer, les animaux ne peuvent plus attendre. »
Pour Arthur Bonneville, chargé d’affaires publiques de L214 : « Les animaux ne peuvent se contenter d’une formulation dérisoire telle que “une consommation de viande équilibrée”. Il est temps que le consensus scientifique et l’attente citoyenne soient reflétés dans cette stratégie grâce à un objectif chiffré. Le prochain gouvernement ne doit ni laisser traîner ce dossier davantage ni le diminuer dans ses ambitions. »