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Dindes Le Gaulois : violation massive de la réglementation à l’abattoir de Blancafort

Le 17/12/2020

L214 réclame la suspension immédiate de son agrément

L214 dévoile une nouvelle enquête menée dans l’abattoir de Blancafort (Cher), où sont abattues des dindes pour la marque Le Gaulois (groupe LDC). Les images, tournées par un employé, montrent que l’infrastructure est en violation flagrante de la réglementation qui encadre la mise à mort des animaux. L214 réclame la suspension immédiate de l’agrément de l’abattoir.

Les images, tournées en octobre 2020, montrent que la chaîne d’abattage où sont suspendues les dindes avant d’être étourdies présente au moins 3 non-conformités majeures :

  • lorsqu’elles sont suspendues aux crochets, les dindes doivent relever la tête pour ne pas racler le plancher métallique ;
  • la chaîne est si longue – plus de 50 mètres – que les dindes peuvent rester suspendues, conscientes, pendant plus de 2 minutes, temps qui dépasse le maximum autorisé par la réglementation ;
  • les installations ne permettent pas d’accéder aux animaux sur toute la chaîne d’abattage, laquelle s’élève par endroits à plusieurs mètres de hauteur rendant impossible toute intervention en cas d’urgence.

Ces différents points enfreignent la réglementation en vigueur et entraînent des souffrances accrues pour les animaux.

Par ailleurs, lors du transport des élevages vers cet abattoir, les dindes sont entassées dans des caisses dont la hauteur est insuffisante. Leurs têtes touchent le plafond, ce qui ne permet pas une ventilation adéquate et peut entraîner chez les oiseaux un stress thermique. Les poubelles de l’abattoir sont remplies des cadavres des dindes qui n’ont pas survécu à ces conditions de transport.

→ Le site dédié à l’enquête et la pétition demandant la suspension de l’agrément de l’abattoir

→ La vidéo d’enquête sur YouTube (libre de droits)

→ Voir et télécharger des images brutes (libres de droits)

→ Voir et télécharger des photos (libres de droits)

De plus, la pénibilité du travail est extrême : pour accrocher les dindes (qui peuvent peser jusqu’à 15 kg), les ouvriers doivent en permanence effectuer des mouvements de torsion. Le lanceur d’alerte rapporte que sur 12 personnes présentes en début de journée, il peut arriver qu’il n’en reste plus que 8 deux heures plus tard.
Un article du Monde de 2012 mentionnait déjà les problèmes de santé des salariés de cet abattoir : « L’arthrose et les troubles musculo-squelettiques ont également fait des dégâts dans les effectifs. »

→ En savoir plus sur la pénibilité du travail en abattoir

L’abattoir de Blancafort abat 75 000 dindes par semaine. Il appartient au groupe LDC, premier groupe volailler en Europe. Les dindes abattues sur le site de Blancafort sont notamment vendues sous la marque Le Gaulois.

L’enquête montre également un élevage de dindes qui fournit cet abattoir. Elles sont entassées dans un bâtiment fermé sans jamais avoir accès à l’extérieur, piétinant un sol imbibé de fientes. Cette exploitation située dans le Loiret produit 140 000 dindes par an.

Transport et abattage dindes Le Gaulois

Au vu des violations flagrantes de la réglementation, L214 dépose plainte contre le transporteur Avilog et l’abattoir de Blancafort pour mauvais traitement envers les animaux commis par des professionnels respectivement auprès des procureurs de la République de La Roche-Sur-Yon et de Bourges.

Nous avons demandé hier aux services vétérinaires et au ministère de l’Agriculture la fermeture de cet abattoir. La préfecture du Cher a immédiatement réagi mais a seulement signifié à l’abattoir qu’il avait 48 h pour mettre en place des « mesures correctrices immédiates et un plan d’action structurel global. » Soyons réalistes : aucune mesure correctrice immédiate ne peut corriger de tels problèmes structurels.

Le rappeur et acteur Gringe commente cette vidéo. Il souligne : « Pour ces oiseaux, c’est la souffrance de leur premier à leur dernier jour. Près de 50 millions de dindes sont tuées chaque année. Qu’on mange de la viande ou non, cette cause à laquelle je m’associe dépasse nos habitudes alimentaires et cette pétition qu’on peut tous signer, c’est le droit qui nous est donné de contester et de mettre fin à l’ignominie des conditions de vie et de mort de ces animaux. »

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 : « Les dindes qui finissent en barquette, vendues sous la marque Le Gaulois dans les rayons de supermarchés, n’ont jamais connu un brin d’herbe. Elles sont entassées dans des caisses pour leur dernier voyage. À l’abattoir, elles sont suspendues conscientes la tête en bas sur des crochets puis acheminées le long d’un rail pendant de longues minutes avant d’être plongées dans un bac d’eau électrifiée. La réglementation qui encadre l’élevage, le transport et la mise à mort des animaux est dérisoire, et elle n’est même pas respectée. Si l’abattoir de Blancafort continue de fonctionner en l’état, alors il faudra se rendre à l’évidence : la réglementation ne sert à rien. »


Violations flagrantes de la réglementation

Le Règlement (CE) n° 1/2005 du Conseil du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport dispose :
Annexe I, Chapitre II, 1.2 : « Un espace suffisant est prévu à l’intérieur du compartiment destiné aux animaux et à chacun des niveaux de ce compartiment afin de garantir une ventilation adéquate au-dessus de la tête des animaux lorsqu’ils sont debout dans leur position naturelle, sans qu’en aucun cas leurs mouvements naturels puissent être entravés. »

Situation à l’abattoir de Blancafort : les dindes et les dindons sont entassés dans les caisses de transport. Leurs têtes touchent le plafond, ce qui ne permet pas une ventilation adéquate et peut entraîner chez les oiseaux un stress thermique.

Transport et abattage dindes Le Gaulois

Le Règlement (CE) n° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort dispose :
Annexe II, 5.1 : « Les lignes d’accrochage sont conçues et installées de manière que les oiseaux suspendus ne rencontrent aucun obstacle et que les causes de dérangement pour les animaux soient réduites au minimum. »

Situation à l’abattoir de Blancafort : suspendues conscientes en sortie de bétaillère, les dindes se retrouvent à l’envers sur une chaîne. Elles doivent relever la tête sur plusieurs mètres pour éviter de racler le sol métallique des quais.

Transport et abattage dindes Le Gaulois

Annexe II, 5.2 : « Les lignes d’accrochage sont conçues de manière à ce que les oiseaux ne restent pas suspendus conscients plus d’une minute. Toutefois, les canards, les oies et les dindes ne restent pas suspendus conscients plus de deux minutes. »

Situation à l’abattoir de Blancafort : la chaîne d’accrochage fait plus de 50 m de long. Les dindes accrochées en bout de chaîne restent suspendues conscientes bien plus de 2 minutes avant d’être étourdies.

Transport et abattage dindes Le Gaulois

Annexe II, 5.3 : « La ligne d’accrochage est facilement accessible sur toute sa longueur jusqu’au point d’entrée dans l’échaudoir, au cas où il serait nécessaire de retirer les animaux de la chaîne d’abattage. »

Situation à l’abattoir de Blancafort : avant d’être plongées dans un bac d’eau électrifiée, les dindes sont suspendues sur une chaîne qui monte à plusieurs mètres du sol. À certains points de la chaîne, elles sont totalement inaccessibles.
Or, il est fréquent que la chaîne d’abattage soit stoppée pendant de longs moments. Dans ce cas, une intervention des ouvriers doit être immédiatement possible (pour rappel, les oiseaux ne doivent pas rester suspendus conscients la tête en bas plus de 2 minutes).

Transport et abattage dindes Le Gaulois

L’élevage de dindes en France

En France, 48 millions de dindes ont été abattues en 2019. 97 % d’entre elles provenaient d’élevages intensifs, c’est-à-dire d’élevages en bâtiments fermés sans accès à l’extérieur. À l’intérieur de ces bâtiments, au démarrage, la densité moyenne est de 7,7 dindes/m2. Le taux de mortalité moyen est de 7 %.
Les femelles sont abattues vers l’âge de 87 jours alors qu’elles pèsent environ 7 kg. Les mâles sont abattus vers l’âge de 128 jours, alors qu’ils pèsent environ 15 kg (source ITAVI).
On peut noter l’évolution des « performances » : en 1980, la filière produisait 120 kg de dinde/m2, contre plus de 190 kg aujourd’hui.

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