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La filière porcine française épinglée par la Commission européenne

Le 10/03/2020

Queues systématiquement coupées malgré l’interdiction

En juin 2019, la Commission européenne a réalisé un audit au sein de la filière porcine française avec pour objectif d’évaluer « la pertinence et l’efficacité des mesures prises pour prévenir les morsures de queues et éviter leur coupe systématique » dans les élevages, une amputation douloureuse généralement pratiquée à vif.
Les conclusions de l’audit sont sans appel. 7 ans après son entrée en vigueur, la filière porcine française n’applique toujours pas la loi en matière de coupe des queues :

« Seules quelques actions tangibles ont été prises pour améliorer la conformité [des élevages] avec les dispositions de la Directive, réduire les morsures de queues et éviter la coupe des queues, toujours pratiquée en routine dans le pays. La forte incidence de blessures de queues par morsure sur les cochons amputés, relevée par une étude conduite dans deux abattoirs, montre un besoin urgent d’amélioration des conditions d’élevage dans le secteur porcin. Cela est étayé par un fort pourcentage de non-conformités en regard des exigences légales minimales, relevées par les contrôles officiels*. »

La réglementation en vigueur interdit explicitement la coupe des queues des cochons pratiquée en routine, et exige que les conditions d’élevage des cochons soient modifiées si elles suscitent des troubles comportementaux tels que les morsures de queues :

« La section partielle de la queue et la réduction des coins ne peuvent être réalisées sur une base de routine […]. Avant d’exécuter ces procédures, d’autres mesures doivent être prises afin de prévenir la caudophagie et d’autres vices, […] les conditions d’ambiance ou les systèmes de conduite des élevages doivent être modifiés s’ils ne sont pas appropriés. »

Ces dispositions ont été votées en 2001 au niveau européen, transposées en droit français en 2003 et sont entrées en vigueur en France en 2013. La filière française viole donc massivement la loi depuis 7 ans sans être inquiétée par les autorités de contrôle alors que l’évolution de la réglementation est connue depuis 19 ans.

Selon le rapport de la Commission européenne, le plan d’action prévu par la France est largement insuffisant : il ne prévoit l’arrêt de la coupe des queues qu’à l’horizon 2022-2024. La commission précise qu’« il n’existe pas de cadre solide pour garantir que les éleveurs mettront en place les mesures d’amélioration nécessaires, ni d’orientation pour l’évaluation de ces mesures par les inspecteurs* ». Le rapport se termine par des recommandations précises à l’attention des autorités françaises afin de combler les lacunes identifiées.

Cet immobilisme cuisant est dénoncé depuis des années par les associations de protection et défense des animaux. Les nombreuses enquêtes réalisées par L214 dans les élevages de cochons dits « standards » montrent des animaux aux queues systématiquement coupées, entre autres infractions courantes aux réglementations en vigueur.

Cochons queue coupée 1
Cochons queue coupée 2

Queues systématiquement coupées dans les élevages de cochons dits « standards » (enquêtes L214 2019 et 2017)

À l’heure où 88 % des Français sont opposés à l’élevage intensif (sondage YouGov 2019 pour L214), et où 85 % sont défavorables aux mutilations pratiquées sur les cochons (coupe des queues, meulage des dents, castration pour les mâles) (sondage YouGov 2017 pour L214), il est impensable que les exigences les plus basiques issues d’une réglementation votée en 2001 soient toujours, en 2020, purement et simplement ignorées par la France.

Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume fait régulièrement preuve d’une mauvaise foi criante à l’égard des thématiques relatives à la condition animale : le feuilleton ahurissant de l’abattoir Sobeval, où le ministre a été pris en flagrant délit de mensonge, en est un exemple.

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice et porte-parole de L214 : « Nous voilà devant une nouvelle preuve de l’incapacité du gouvernement à faire respecter les réglementations minimales en matière de “protection animale”. Il est impossible d’espérer de réelles avancées pour les animaux tant que la condition animale dépendra du ministère de l’Agriculture. Cette mission doit être confiée à un ministère moins exposé à l’influence des lobbies de l’agroalimentaire. »

→ Lire le rapport d’audit de la Commission européenne

→ S’informer sur l’élevage des cochons en France

→ Télécharger et utiliser des photos libres de droit

Contacts presse

* traduction française réalisée par nos soins, citation originale en anglais dans le rapport d’audit de la Commission européenne, (p. 1)

La coupe des queues, une mutilation douloureuse et illégale solidement ancrée dans les mœurs de la filière porcine

Selon la directive européenne votée en 2001, transcrite en droit français en 2003 et entrée en vigueur en France en 2013, il est interdit de pratiquer en routine la coupe des queues des porcelets, et les conditions d’élevage des cochons doivent être modifiées si elles suscitent des troubles comportementaux tels que les morsures de queues :

« La section partielle de la queue et la réduction des coins ne peuvent être réalisées sur une base de routine, mais uniquement lorsqu’il existe des preuves que des blessures causées aux mamelles des truies ou aux oreilles ou aux queues d’autres porcs ont eu lieu. Avant d’exécuter ces procédures, d’autres mesures doivent être prises afin de prévenir la caudophagie et d’autres vices, en tenant compte du milieu de vie et des taux de charge. Pour cette raison, les conditions d’ambiance ou les systèmes de conduite des élevages doivent être modifiés s’ils ne sont pas appropriés. »

Selon les experts de l’INRA, dans un rapport d’expertise dédié aux douleurs animales (voir p. 66), la coupe des queues des porcelets génère des douleurs chroniques similaires à celles décrites chez l’homme après une amputation.

Encore aujourd’hui, cette pratique est si couramment ancrée dans les usages de la filière porcine française que les cochons présentés dans les magazines professionnels ont généralement la queue coupée, malgré l’interdiction légale de cette pratique sur une base de routine. Plutôt que mutilation, le terme de « soin » est utilisé pour désigner cette amputation.

En France, 95 % des cochons en système intensif

La viande de porc est la première viande consommée par les Français.

Chaque année, 24 millions de cochons sont tués dans les abattoirs en France.

95 % des cochons sont élevés en bâtiment fermé sur un sol bétonné et ajouré (caillebotis), sans paille ni accès à l’extérieur.

En moyenne, les élevages français comptent 228 truies reproductrices pour une production de 4 700 porcs par an. C’est ce que les représentants de la filière appellent de « l’élevage familial ».

En 1970, une truie donnait naissance à 16 porcelets sevrés par an ; elle en produit 29 aujourd’hui. En moyenne, 20 % des porcs meurent entre la naissance et 6 mois, l’âge de départ pour l’abattoir.

Pour pallier les conséquences de conditions de vie inadaptées, les cochons subissent des multiples mutilations, en particulier la coupe de la queue et le meulage des dents, des opérations douloureuses pratiquées à vif dans la plupart des élevages porcins.

→ Lire notre dossier « Naître et mourir dans un élevage de cochons »

85 % des Français défavorables aux mutilations douloureuses des cochons

88 % des Français sont contre l’élevage intensif et 87 % sont défavorables aux méthodes de production ne laissant aucun accès à l’extérieur aux animaux (sondage YouGov 2019 pour L214).

89 % des Français sont défavorables à l’élevage des cochons sur un sol en béton sans paille et 87 % à l’élevage des cochons dans des bâtiments fermés sans accès à l’extérieur (sondage YouGov 2017 pour L214).

85 % des Français sont quant à eux défavorables aux mutilations pratiquées sur les cochons (coupe des queues, meulage des dents, castration pour les mâles), selon le même sondage.

→ Opinion publique et condition animale

Les cochons, des êtres intelligents et sensibles

Les cochons sont des animaux curieux et intelligents, qui, quand ils en ont la possibilité, parcourent plusieurs kilomètres par jour. Ils passent une grande partie de leur temps à explorer, à fouir, à chercher de la nourriture. Animaux sociaux, ils ont besoin de vivre en groupe dans un environnement stimulant. Les truies, quand elles le peuvent, développent un comportement maternel avec leurs petits, pour qui elles construisent des nids.

Selon des découvertes récentes en éthologie, les cochons sont aussi capables d’utiliser des outils, à l’instar des primates par exemple.

→ L’intelligence et la vie sociale des cochons

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