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Des collégiens transformés en débouchés pour le lapin de batterie

La viande de lapin n’a pas la cote auprès des consommateurs. Malgré tout, le Conseil général de Charente a décidé d’offrir des débouchés à des éleveurs locaux en l’introduisant au menu d’une dizaine de collèges charentais1. Ceci est un incompréhensible coup de pouce à un mode d’élevage intensif hors sol. L’élevage professionnel de lapins, en Charente comme ailleurs, est un concentré des dérives de l’élevage industriel.
L’association L214 a écrit à Michel Boutant, Sénateur et Président du Conseil général de Charente, ainsi qu’aux fédérations de parents d’élèves et aux collèges du département.
S’appuyant sur un récent rapport de l’Inra et du Cirad2, l’association L214 souligne au contraire l’importance d’une réduction de la part des produits d’origine animale dans les menus des écoles.

Lire la lettre adressée au Président du Conseil général

Une vie de souffrance

élevage de lapinsÀ la différence d’autres espèces, les lapins d’élevage ne sont protégés par aucune réglementation européenne spécifique. Ils sont détenus leur vie durant dans des cages exiguës, au sol grillagé, source d’inconfort permanent et de blessures aux pattes. Le quart des lapereaux nés dans cet univers carcéral meurt avant la date d’abattage (environ 2 mois et demi). Les lapines reproductrices sont épuisées par l’enchaînement sans fin des inséminations artificielles et des mises bas. Un tiers d’entre elles meurt chaque année directement dans les élevages. La production cunicole détient par ailleurs le record de l’usage d’antibiotiques alors que l’antibiorésistance est devenue un problème majeur de santé publique.
Le « lapin des vignes » introduit dans les menus scolaires est issu d’élevages intensifs semblables en tout point aux élevages qui ne bénéficient pas de cette appellation. Les mauvaises conditions de vie des animaux y sont exactement les mêmes. Le Conseil général paie cette viande plus cher que la viande issue d’élevages standard.

Dossier complet sur l’élevage cunicole

Des problèmes environnementaux

Les élevages cunicoles ne répondent pas aux objectifs de durabilité fixés par la loi d’orientation agricole votée en juillet 19913. Ils sont gourmands en énergie fossile. La gestion des effluents pose le problème des surfaces d’épandage. Les excédents d’effluents sont cause de pollution de l’eau et des sols. Ces élevages ne sont pas autonomes au niveau des matières premières ce qui entraîne une forte dépendance vis à vis des industries de l’agroalimentaire. Les médicaments et les antibiotiques sont également utilisés massivement.

Environnement et élevage cunicole

Où est la vertu éducative de la commande publique ?

Nombre d’enfants de nos jours ont eu un lapin comme compagnon dans leur foyer et ont noué avec lui des relations d’affection réciproque. Veut-on leur désapprendre que les animaux sont des êtres sensibles qui doivent être traités avec soin ? Ou bien cachera-t-on aux collégiens les conditions de production du contenu de leurs assiettes, au risque de former des citoyens bornés, prêts à consommer n’importe quoi du moment que c’est estampillé « production locale » ?

Végétaliser notre alimentation

D’une manière générale, la surconsommation de produits d’origine animale dans les pays développés, et particulièrement en France, et la prédominance de l’élevage intensif qui l’accompagne, ont un impact désastreux sur l’environnement, sur la capacité de l’agriculture mondiale à nourrir l’humanité, et sur la souffrance permanente infligée à toujours plus d’animaux.
Récemment, un rapport2 réalisé par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) a souligné la nécessité d’une « vraie rupture » avec nos modes de consommation actuels. Il est urgent de réduire la part des produits d’origine animale dans les menus de la restauration collective.
L’association L214 a suggéré au Président du Conseil général la mise en place d’une offre de menus végétariens.

Dossier sur l’impact de la viande


1 Sylviane Carin, « Le lapin fait ses classes dans les assiettes des collégiens », Charente Libre, 4 février 2004.
2 INRA & CIRAD, coordination éditoriale de Sandrine Paillard, Sébastien Treyer et Bruno Dorin , Agrimonde. Scénarios et défis pour nourrir le monde en 2050, Editions Quae, 2010.
3 L. Fortun-Lamothe, INRA, université de Toulouse, « Quelle est la durabilité de la production cunicole ? Atouts et limites des conditions d’élevage actuelles », 12e Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007.


Contact presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66

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