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Rassemblement devant les bureaux de la Direction Générale de l’Alimentation (ministère de l’Agriculture) du 26 octobre 2011

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L’action

Ce rassemblement visait à dénoncer les biais du décret et de l’arrêté du 30 septembre sur la restauration scolaire et à en exiger l’abrogation pour deux raisons :
– l’atteinte à la liberté de conscience : ces textes interdisent aux cantines qui le souhaitent de répondre aux demandes de menus végétariens ou végétaliens quotidiens.
– le modèle alimentaire d’hyper consommation de produits d’origine animale verrouillé par ces textes.

Les manifestants se sont mobilisés devant la DGAL avec banderoles suspendues à la façade du ministère, visuels explicites, mégaphone rythmant les slogans scandés tels que « Non au décret restauration scolaire« , « Menu végé, menu républicain« , « Pour des cantines où tout le monde peut manger« , « Élevage industriel, pêche industrielle, on n’en veut pas« , « Ministère de l’Agri pourri par les lobbies« .
L’appel à se rassembler a été lancé au sein d’associations de protection animale, d’associations végétariennes, d’associations religieuses, d’associations écologistes.
A noter la présence de Sylvain de Smet, conseiller régional groupe EELV ainsi que d’Anny Poursinoff, députée EELV.

Des tracts ont été distribués aux passants et aux personnes qui entraient et sortaient du ministère, expliquant la démarche des manifestants.

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Une délégation reçue à la DGAL

Jean-Luc Angot, directeur de la DGAL a accepté de recevoir une délégation pendant plus de 3/4 d’heure, accompagné de Paul Mennecier, chef du service de l’alimentation à la DGAL.
La délégation était constituée de :
– Aurélia Greff, responsable Paris de l’Association Végétarienne de France et membre de l’Initiative citoyenne pour les droits des végétariens,
– M. L., membre du Collectif contre l’islamophobie en France,
– Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214 et membre de l’Initiative citoyenne pour les droits des végétariens.
L’entretien a été cordial, nous avons eu le sentiment d’être écoutés avec intérêt.

La délégation a exposé les motifs de notre rassemblement :
– la demande d’abrogation du décret et de l’arrêté,
– l’atteinte à la liberté de conscience qu’ils constituent,
– le modèle alimentaire d’hyper consommation de produits d’origine animale qu’ils imposent,
– l’intox nutritionnelle véhiculée par ces textes.

Face à l’objection que nous interprétions mal les textes, M. L. a exposé le cas de la ville de Gonesse. L’offre d’un menu alternatif végétarien a toujours existé à Gonesse, sans aucun dysfonctionnement des services publics. Cette alternative a été supprimée dès le 3 octobre 2011 par le maire, en précisant qu’il avait l’obligation de fournir des repas conformes au décret paru le 30 septembre 2011 mis en avant par les élus. Application immédiate à la cantine, sans concertation, où la viande est désormais servie dans toutes les assiettes des enfants.
Depuis début octobre 2011, les parents communiquent avec le maire, pour demander un menu végétarien, alternatif au repas standard, afin de répondre à la demande des usagers qui ne souhaitent pas de viande pour raisons éthiques, de liberté d’éducation alimentaire ou religieuses. La seule réponse donnée : l’application du décret.
Aurélia Greff a souligné que de nombreux témoignages similaires étaient envoyés à l’Association Végétarienne de France par des parents désemparés.

Jean-Luc Angot a clairement précisé que ces textes ont été établis dans le but d’élargir la diversité de l’alimentation et de permettre un plus grand choix dans les menus des cantines et qu’ils ne constituent pas une obligation des administrations de servir de la viande. M. L. a demandé à ce que cette réponse favorable soit communiquée par circulaire aux élus afin d’éviter toute interprétation contraire.

J.-L Angot a répondu qu’ils n’y ont pas pensé, mais que les enfants ne sont tout de même pas obligés de manger la viande. Nous lui avons répondu que, lorsqu’une alternative végétarienne est proposée, les repas sont préparés avec des plats complémentaires pour réaliser un équilibre et qu’en plus le jour des lasagnes, ce serait épique de trier les pâtes. Par ailleurs, M. L. a souligné qu’en maternelle, il était difficile pour un enfant de 3 ans de faire la part des choses et que le choix des parents devait être respecté. Nous avons réitéré la demande de repas végétariens équilibrés et non d’un menu d’où l’on se contenterait d’ôter la viande.

Sur le modèle alimentaire, la DGAL a fait remarquer que les quantités avaient été revues à la baisse. Nous avons souligné que les doses servies auparavant étaient de toute façon excessives, notamment pour les enfants de maternelle et de primaire. On évite là un gaspillage.

La DGAL a aussi annoncé une étude sur l’impact de l’élevage reprenant les 3 piliers « développement durable, économique et social », et souligné qu’on ne pouvait pas en prendre un en considération sans prendre les autres en compte, que c’était complexe. Nous avons fait remarquer que, pour le moment, on voyait surtout une prise en compte du pôle économique au détriment des deux autres. Nous avons cité Marion Guillou, directrice de l’INRA, qui indique qu’il faudrait réduire la part de produits d’origine animale à 500kCal dans les années à venir.

Nos interlocuteurs ont contesté que les lobbies de l’agro-alimentaires aient influencé ces textes.
Nous avons souligné l’obligation de 4 repas obligatoires avec les viandes qui correspondent de façon troublante au coeur de l’objet du CIV (ce serait parce qu’elles ont des teneurs parmi les plus importantes en certains nutriments). Nous avons aussi cité Bruno Le Maire dans la presse en janvier 2010 où il annonçait le Programme national pour l’alimentation (PNA) en lui fixant notamment l’objectif de freiner l’impact des discours soulignant la nécessité de réduire la consommation de viande. Mais pas du tout d’après la DGAL, le PNA aurait pour seul but d’offrir une diversité de choix, et des conseils nutritionnels pour tous. Nous avons alors souligné qu’au contraire, le décret et l’arrêté constituaient un couloir bien étroit, supprimant de nombreuses options.

Nous avons enchaîné sur le problème de l’intox nutritionnelle avec l’obligation du produit laitier dans chaque menu, ainsi que les protéines, le fer et les oligoéléments présentés comme fournis uniquement par les produits animaux. La DGAL a souligné qu’ils s’étaient appuyés sur la recommandation du GEMRCN et sur le PNNS. Il lui semble indispensable que nous nous rapprochions du ministère de la Santé sur cette question. Aurélia Greff (AVF) a mentionné la rencontre de représentants de l’APSARES (Association des professionnels de santé pour une alimentation responsables) et de la Société végane avec l’ANSES de début septembre ; lors de cette rencontre, l’ANSES a reconnu que les éléments sur le végétarisme étaient faux dans le PNNS. Elle a souligné également que lorsqu’on demandait au PNNS ses sources à ce sujet, aucune réponse n’était apportée.

Nous avons remis à J.-L. Angot la brochure présentant la position de l’Association américaine de diététique, qui contient pour sa part une bibliographie bien fournie.
Nous lui avons également remis le livret Pourquoi et comment végétaliser l’alimentation, Le guide du lundi végé et Le guide des chefs.
J.-L. Angot nous a remis une brochure de janvier 2011 sur le Programme national pour l’alimentation. (La version de février 2011 est téléchargeable)

Conclusion

J.-L. Angot a pris note. La DGAL ne lit pas le décret et l’arrêté comme nous mais ne dit pas non plus l’inverse. Elle devrait éditer une note de service à destination des organismes de contrôle qui prendra garde à ne pas exclure les menus alternatifs.

Le service s’engage à clarifier sa communication afin qu’elle soit comprise par tous et qu’elle ne soit pas interprétée comme niant l’existence de modes d’alimentation végétariens.

Nous serons mis en relation avec la personne qui est en charge de la rédaction de ce texte. Bien sûr nous maintenons notre demande de retrait du décret et de l’arrêté du 30 septembre et continuerons à communiquer avec la DGAL jusqu’à ce que les engagements pris par J.-L. Angot se soient concrétisés.

Nous avons précisé que nous souhaiterions avoir des échanges par écrit sur l’ensemble de ces sujets.

Nous avons ensuite rejoint les manifestants. La mobilisation est maintenue tant que les textes n’auront pas été abrogés.

Aurélia Greff, M. L. et Brigitte Gothière, 27 octobre 2011.

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