Ce qui m'a vraiment poussée à partir, c'est de voir autant d’animaux mourir
Bonjour
Avant-hier, L214 vous a dévoilé des images que j’ai prises lorsque je travaillais dans un élevage de canards soi-disant plein air à Châtillon-sur-Colmont. J’y ai travaillé 8 mois. J’ai arrêté mon contrat en juin et décidé de dénoncer ce qu’il s’y passe. Voici pourquoi.
Quand j'ai été embauchée après avoir répondu à une annonce Pôle emploi, je ne m'attendais pas du tout à ça. Je m'attendais à avoir du bien-être animal mais ce n'était pas du tout respecté.
Dans la vidéo, vous avez pu découvrir les conditions sordides dans lesquelles les animaux sont élevés.
Enfermés dans les bâtiments, les canards ont des brûlures au niveau du ventre et des pattes arrière à cause de l'urine et de la paille mouillée. Ils ont envie de sortir, ils tournent beaucoup en rond, parce qu'il n'y a rien pour les occuper. C'est des canards qui s'ennuient, qui ont mal, qui ont froid l'hiver, qui ont faim, qui ne sont pas heureux. Ça se voit qu'ils ne sont pas heureux. Et ça, c'était déjà dur à voir.
Mais ce n’est pas tout
Il y a aussi le ramassage, le soir où on les envoie à l’abattoir. Il faut les attraper pour les mettre dans des caisses. Si on peut les faire avancer plus rapidement à coups de pied ou de bâton, on le fait. Puis on referme les caisses sans regarder s'il y a la tête ou une aile qui dépasse.
C'est un peu fait n'importe comment... Il y a des canards qui meurent sur place. Le cou est cassé, les ailes sont cassées, les pattes sont cassées.
Et puis, il y avait aussi ces canards trop petits, qu'on laissait sur place dans le bâtiment, car l'abattoir n'allait pas les prendre. Après, le patron faisait le tour et faisait ce qu'il y avait à faire pour s'en débarrasser : il leur tordait le cou, mettait des coups de chaussure ou des coups de pelle.
Mais ce n’est pas tout
Ça nous est même arrivé de commencer le nettoyage avec le Kärcher, et de découvrir des canards couchés sur le dos. Des canards encore vivants, qui essaient de se relever, mais qui ont les pattes et les ailes cassées, et ne peuvent plus bouger. Je l'ai vu. J'ai vu ces canards à l'agonie. J'ai prévenu mon patron que ce n'était pas possible. Que ce n'était plus possible de voir ça.
J’ai tenté à plusieurs reprises de discuter avec lui sur le bien-être animal. Chaque fois, je n'étais pas prise au sérieux.
Il m'a souvent dit que je vivais dans un monde de bisounours. Qu'on était dans un élevage, que j'étais ridicule à vouloir le meilleur pour les animaux. Que les animaux étaient là juste pour être mangés.
Quand j'ai réalisé que je parlais dans le vent, j'ai décidé de le dénoncer. Pour essayer de stopper toute cette maltraitance.
Un soir, j'ai contacté L214. Et aujourd’hui, vous lisez ces lignes.
Si vous n’avez pas encore signé la pétition, je vous serais très reconnaissante de le faire.
Et si vous l’avez déjà signée, pouvez-vous partager la vidéo de mon témoignage ?
C’est important pour ces canards que tout le monde sache ce qu’il se passe dans cet élevage. Ces canards ne ressemblent vraiment pas du tout aux affiches qu'on peut voir du canard heureux dans les champs. Aidez-moi à les aider.
Les derniers rebondissements
Trois anciens salariés viennent de nous contacter pour raconter ce qu’ils ont vu dans cet élevage. Ils ont constaté les mêmes horreurs et infractions qu’Anaïs. Ces témoignages vont compléter la plainte déposée.
La préfecture a confirmé que des « manquements aux règles applicables en matière de bien-être animal et de protection sanitaire » ont été constatés. L’exploitant est mis en demeure « d’apporter un ensemble de mesures correctives aux irrégularités constatées ».
L’éleveur annonce qu’il va porter plainte pour diffamation...
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