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Lettre d'info L214

Ces jeunes veaux vivent déjà l’enfer

Des milliers de km sans boire ni manger

Bonjour

Je m’appelle Bérénice. Je travaille au sein de l’équipe Enquêtes, et je vous écris aujourd’hui en direct du terrain.

Je suis en ce moment même sur la route, près de la frontière avec les Pays-Bas, en train de suivre un camion qui contient près de 300 veaux, répartis sur 3 niveaux.

Ces jeunes veaux, nés en Irlande dans des élevages laitiers, n’ont que 15 jours. Mais depuis mardi, ils subissent l’enfer sur terre et sur mer. Je les suis pour documenter le calvaire qu’ils vivent cette semaine et, surtout, pour y mettre fin un jour.

2 semaines après leur naissance, ces veaux non sevrés ont déjà été transportés et vendus sur des marchés aux bestiaux irlandais. Entassés dans des camions, à 3 veaux de 55 kilos par mètre carré, ils ont traversé la Manche en ferry pour rejoindre la France, par une mer complètement déchaînée. Vous pouvez sans doute imaginer ce qu'ils ont vécu.

La durée maximale de transport autorisée pour les veaux en Europe, c'est 19 heures. Ils auront passé 27 heures, notamment sur cette mer aux vagues de 5 mètres de haut. De longues heures, qui plus est sans avoir été nourris ni abreuvés !

Au port de Cherbourg, un défilé de bétaillères a quitté la gare maritime. Au total, 2 000 veaux ont été débarqués de ce ferry en provenance de Rosslare, en Irlande. Je les ai tous regardés passer, j’ai entendu leurs meuglements plaintifs.

Nous avons alerté le directeur des services vétérinaires de la préfecture. Mais aucun vétérinaire n’est venu constater les infractions. Par contre, les services des renseignements généraux, eux, sont venus nous accueillir au port !

Deux eurodéputées à nos côtés

Mercredi, j’étais avec l'eurodéputée française Caroline Roose et son homologue néerlandaise Anja Hazekamp. Elles ont toutes les deux siégé au sein de la commission d'enquête sur la protection des animaux pendant le transport au Parlement européen. Elles m’ont accompagnée pour constater sur le terrain ce que vivent les animaux.

Picto citation
« Là, on est carrément sur des cas de maltraitance. Au passage des camions, on a senti une odeur particulière. Les animaux ont une litière qui n'est pas changée. Ils n'ont pas bu, ni mangé. On voyait des veaux qui léchaient les parois du camion. On a vraiment un problème. »
Caroline Roose, eurodéputée

Vers 18 h 45, les poids lourds sont arrivés au centre de transit de Couville, dans le Nord-Cotentin. C'est là que ces jeunes veaux épuisés ont enfin été déchargés et nourris, après leur éprouvant voyage – qui est loin d’être terminé.

Caroline Roose et Anja Hazekamp ont demandé – et obtenu, après une longue discussion – une visite inopinée du centre de transit. Mais sans les journalistes que nous avions invités à cette action. Sans L214. Sans micro. Sans caméra. Elles ont pu constater les conditions de détention des animaux, et leur état général : la faim, la soif, l’épuisement.

Nous leur avons également confié une vidéo filmée quelques jours auparavant dans ce même centre. Sur ces images, on y voit des veaux désemparés, qui essayent de s'abreuver. Et un employé qui les frappe sans ménagement avec une sorte de rame pour les faire se déplacer. Le dirigeant du centre, déboussolé, assure ne pas avoir eu connaissance de ces actes…

Destination finale : les Pays-Bas, après 2 000 km de transport

J’ai repris la route hier à 22 h 30, direction les Pays-Bas. Encore des centaines de kilomètres à parcourir avant que ces jeunes veaux arrivent à leur destination finale : un élevage intensif sinistre, dans lequel ils seront confinés 6 mois et engraissés, avant d’être expédiés à l’abattoir. La triste et banale histoire de milliers de veaux de l’industrie laitière, considérés sans valeur.

Je ne vous cache pas que c'est éprouvant pour moi aussi. Ils sont si jeunes, si frêles, ils ne comprennent pas ce qui se passe. Le petit veau étiqueté « 48 000 » meuglait à tue-tête. Quand il m'a vue, il s'est arrêté net, restant ainsi à me regarder au fond des yeux.

Je vous partagerai d’ici quelques semaines plus d’explications sur les veaux de l’industrie laitière, et plus d'informations sur cette enquête menée en partenariat avec Eyes on animals et Ethical Farming Ireland. En attendant, je vous remercie d’être aux côtés de L214 pour défendre les animaux.

À bientôt,
Bérénice pour l’équipe L214

P.-S. Je vous conseille de regarder « L'usine des animaux », un documentaire édifiant auquel L214 a participé. Il interroge, explique, prend aux tripes : comment l'élevage, en devenant de plus en plus intensif, est devenu fou sur toute la planète ? Cette enquête décrypte les rouages d’un système qui a transformé les animaux en marchandises, sans montrer d'images difficiles. À regarder gratuitement en replay sur Arte. 

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