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Lettre d'info L214

Opération exceptionnelle à l'abattoir de Blancafort

Nous nous sommes rendus mardi devant l'abattoir de dindes de Blancafort du géant européen LDC (marque Le Gaulois), dont nous avions révélé les nombreuses infractions à la réglementation en décembre dernier. Suite à notre enquête, la préfecture assurait que l'abattoir avait effectué les changements nécessaires pour se mettre aux normes. Faute de pouvoir constater ce qui se passe à l'intérieur, nous sommes allés observer, en bonne compagnie, les conditions de transport des animaux arrivant à l'abattoir.

Deux eurodéputés pour constater l'illégalité du transport des dindes

5 h du matin, devant l’abattoir. Les eurodéputés Caroline Roose et Manuel Bompard, tous deux membres de la commission d'enquête sur le transport des animaux du Parlement européen, sont à nos côtés pour observer les conditions de transport des dindes.

8 h 30. Nous attendons depuis plus de 3 h et, étrangement, aucun camion n’arrive, contrairement aux jours précédents. La direction de l'abattoir les fait probablement attendre quelque part sur la route, et les animaux avec, en espérant que nous partions. Les eurodéputés demandent à rencontrer la direction et à visiter les lieux. Ils sont reçus dans un bureau. Le responsable de l'abattoir affirme que tout est aux normes, tout en refusant de leur montrer la chaîne d'abattage. Circulez, il n'y a rien à voir !

9 h 30. Enfin, 4 camions arrivent en même temps. Et le constat est implacable. Deux mois et demi après notre enquête, les conditions de transport des dindes à Blancafort n'ont pas changé : elles sont toujours entassées dans des caisses trop basses, empilées les unes sur les autres, dans l'irrespect le plus total de la réglementation. Sans même parler de l'inconfort et des douleurs pour ces oiseaux entassés dans ces caisses sans pouvoir se tenir debout, les ailes parfois coincées dans les parois, la taille des caisses pose des problèmes de ventilation. Certains oiseaux peuvent subir un stress thermique et avoir des difficultés à réguler la température de leur corps, parfois jusqu'à en mourir.

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu’on puisse voir à l'abattoir des poubelles entières remplies de dindes mortes n'ayant pas survécu au transport...

→ Voir les explications de Manuel Bompard sur cette opération (vidéo)

→ Voir les constats de Caroline Roose

Vidéo

Nous étions également accompagnés d'un huissier de justice, venu constater officiellement les infractions. Son procès-verbal ira compléter la plainte que nous avons déjà déposée en décembre.

→ Revoir l’enquête

La suite pour les dindes : nous ne lâcherons rien

Les eurodéputés ont d’ores et déjà prévu d’interpeller la préfecture et le ministère de l’Agriculture. Ils témoigneront aussi de ce qu’ils ont constaté sur le terrain dans le cadre de la commission d’enquête sur les transports au Parlement européen. Cette commission d’enquête a notamment pour mission de constater les infractions à la réglementation, les actions mises en œuvre par les États membres pour y remédier, et de proposer un renforcement de la réglementation. Un levier important pour faire (enfin) évoluer les choses et rendre les conditions de transport des animaux moins terribles.

Après chacune de nos enquêtes, les autorités se veulent rassurantes en invoquant la réglementation et les contrôles. Force est de constater qu’ils sont insuffisants : ici, une loi applicable depuis près de 30 ans est bafouée par le numéro 1 de la viande de volaille en Europe, en toute impunité. Les animaux sont transportés dans des conditions épouvantables sans que cette situation ne déclenche d’action concrète des services de l’État. C’est scandaleux.

Environ 50 millions de dindes sont transportées vers les abattoirs chaque année. Nous sommes déterminés et nous continuerons de mettre les abattoirs et les autorités face à leurs responsabilités.

Merci d'être à nos côtés,
L'équipe de L214

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