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Lettre d'info L214

L'abattoir Sobeval échappera-t-il à la justice ?


La procureure de la République classe l’affaire !

En février dernier, nous dévoilions une enquête à l'abattoir Sobeval, en Dordogne. Avec ou sans étourdissement, halal ou casher, les conditions de mise à mort des animaux y étaient terribles, et nos images mettaient en évidence de nombreuses infractions à la réglementation. Nous avions porté plainte notamment pour sévices graves envers des animaux et une enquête judiciaire avait été ouverte. Pourtant, huit mois après la diffusion de notre enquête, la procureure de la République de Périgueux a décidé de classer le dossier sans suite, non pas en raison de l'absence d’infractions mais parce que depuis notre enquête, l’abattoir se serait mis en conformité… Un scandale !

À l'abattoir Sobeval, de nombreuses pratiques non conformes à la réglementation accentuaient les souffrances déjà endurées par les animaux au moment de leur mise à mort : une partie des veaux étaient égorgés sans étourdissement préalable et agonisaient durant de longues minutes, sans que leur immobilisation ne soit maintenue, sous les yeux terrifiés de leurs congénères, tandis que certains sacrificateurs effectuaient des mouvements de scie lors de l'égorgement, accentuant encore la douleur des animaux.
Les autres veaux étaient « étourdis » à l'aide d'un pistolet pneumatique sans que leur tête ne soit immobilisée, si bien que certains coups devaient être répétés plusieurs fois. Plusieurs animaux reprenaient conscience une fois suspendus sur la chaîne d'abattage… la gorge ouverte.

Des infractions routinières que les services vétérinaires, pourtant présents en permanence dans l'abattoir, n'avaient pas signalées.

Enquête à l'abattoir Sobeval

→ Revoir la vidéo d'enquête à l'abattoir Sobeval (disponible en version floutée)

Pourtant, la procureure a classé l'affaire sans suite : « Il ressort du rapport reçu [des services vétérinaires] que les deux process d’abattage de la Sobeval (conventionnel et rituel) ont été totalement mis en conformité avec la réglementation en vigueur relative à la protection animale. Dans ces conditions, j’ai décidé de ne pas initier de poursuites pénales à l’encontre de quiconque, les non-conformités relevées ayant cessé. La procédure sera par conséquent classée sans suite à raison de la régularisation des infractions. »

Un classement sans suite révoltant !

Pas de poursuites malgré des non-conformités établies

Dans un communiqué de presse, la procureure reconnaît l'existence d'infractions mais refuse de les poursuivre... au motif qu'elles n'existeraient plus aujourd'hui !

Aurait-on la même indulgence pour l'auteur d'un vol avec violence filmé par des caméras qui promettrait simplement de ne pas recommencer ?

Nous avons demandé le dossier pénal et étudierons la possibilité de faire citer directement cet abattoir devant le tribunal correctionnel afin que ces infractions ne restent pas impunies.

Abattoir « totalement conforme » ? On peut légitimement en douter...

La procureure semble certaine qu’aujourd’hui, les infractions ont cessé dans cet abattoir. Cette affirmation, elle la tient des services vétérinaires.

Or, rappelez-vous, en février 2020, suite à la sortie des images filmées à l’abattoir Sobeval, le ministre de l'Agriculture de l'époque, Didier Guillaume, et les services vétérinaires avaient déjà affirmé que l'abattoir était « en règle » et « respect[ait] le bien-être animal »… avant que des échanges de mails confidentiels entre hauts fonctionnaires du ministère de l'Agriculture ne leur échappent.

Dans ces mails, on lisait notamment que des infractions (NC = non-conformités) « indéniables, voire majeures » avaient été constatées par leurs services.

Mails confidentiels du ministère de l'Agriculture

Comment la procureure peut-elle aujourd’hui s’appuyer sur l’avis d’une administration qui, au moment du scandale, avait cherché à étouffer l’affaire ?

Diffamation : défendre le sérieux de notre travail

L'abattoir Sobeval a saisi la justice contre L214 pour diffamation. Il estime que notre enquête porte atteinte « à l’honneur de la Sobeval et de ses opérateurs formés et soucieux du respect de la protection animale ».

Par ailleurs, en mars, des représentants de syndicats agricoles (FDSEA et Coordination rurale de Dordogne) nous ont accusés de mentir et d’avoir recours à « de faux témoignages ». Des allégations que nous ne laisserons pas passer : nous avons fait citer en diffamation leurs auteurs devant le tribunal correctionnel.

Les audiences de ces deux procédures judiciaires devraient se tenir le 2 décembre. Bien entendu, nous défendrons devant les tribunaux la fiabilité et la légitimité de notre travail de lanceur d'alerte.

Veau à l'abattoir Sobeval

L'affaire de l'abattoir Sobeval est révélatrice de l'omerta qui règne autour de l'élevage et de l'abattage des animaux. Le travail de L214 dérange : plus nous montrons la réalité, plus les résistances sont fortes. Mais cela n'entame en rien notre détermination : nous continuerons à montrer ce que l'industrie agroalimentaire s'évertue à cacher, et à faire reculer les souffrances des animaux, toujours avec sincérité, bienveillance et détermination.

Merci pour votre soutien qui nous aide à défendre les animaux avec toujours plus de force.

L'équipe de L214

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