Souvenez-vous : en février 2017, nous avions révélé des images de l’abattoir de Houdan, dans les Yvelines. Ces images montraient que l'abattoir, déjà épinglé par un rapport d’inspection un an plus tôt, présentait toujours les dysfonctionnements relevés par les services vétérinaires.
Sur ces vidéos, des scènes d’une violence effroyable : le couloir et la rampe menant au dispositif de gazage censé « étourdir » les animaux sont si mal conçus que certains se retrouvent coincés, tétanisés par la peur. Des employés s’acharnent alors sur des cochons pour les faire avancer à coups de pieds, de chocs électriques et de « mouvette », parfois jusqu’à les sonner.
En tout, ce sont plus de 60 infractions qui ont été retenues par le procureur de la République contre le directeur de l’abattoir, trois salariés (dont un responsable protection animale) et... un agent des services vétérinaires.
Un agent des services vétérinaires sur le banc des accusés
Un des agents des services vétérinaires en place dans l’abattoir, garant de l’application de la réglementation, est directement mis en cause dans cette affaire. Sur les vidéos, on le voit utiliser – de surcroît abusivement – l’aiguillon électrique pour faire avancer des cochons alors qu’une de ses missions est précisément de veiller à ce que le personnel de l’abattoir n’en fasse pas un usage systématique et abusif.
Il ressort par ailleurs du dossier pénal que le directeur des services vétérinaires du département a fait obstruction à l’enquête des services de police en refusant tout bonnement de coopérer.
Lanceurs d’alerte condamnés
Les deux lanceurs d’alerte (dont Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de L214) qui s’étaient introduits dans l’abattoir de Houdan pour y récupérer des caméras ont été condamnés en octobre 2017 à 6 000 euros d’amende, dont 5 000 euros avec sursis pour violation de domicile. Pourtant, sans eux, pas d’images, pas de procès.
L’audience, qui se tiendra le jeudi 17 janvier au tribunal de police de Versailles, sera l’occasion de déterminer la responsabilité de l’abattoir et de mettre en lumière le rôle ambigu des services vétérinaires et de l’État.
En marge de ce procès, c’est notre société tout entière qui doit s’interroger sur la cruauté que nous infligeons à plus de 3 millions d’animaux chaque jour en France.
Un autre monde est possible. Continuons d’y travailler ensemble.