L214

Le 20/04/2020

Les longs transports de veaux : risques sanitaires et souffrance des animaux

En pleine crise du COVID-19, les longs transports d’animaux vivants doivent être interdits.

Les associations L214 et Eyes on Animals dévoilent aujourd’hui les images d’une enquête sur le long transport des veaux nourrissons*. L’enquête, menée fin février et début mars 2020, montre le calvaire des veaux nés en Irlande et exportés dans des élevages intensifs aux Pays-Bas.

4 pays traversés dont la France, 2 000 km parcourus, plus de 50 h de transport : cette enquête démontre également l’irresponsabilité des gouvernements qui s’entêtent à maintenir les longs transports d’animaux en temps de pandémie.

Pour lutter contre la propagation du coronavirus, le gouvernement français « a décidé de prendre des mesures pour réduire les contacts et déplacements au strict minimum sur l’ensemble du territoire ». Pourtant, l’export de milliers de veaux nourrissons se poursuit comme en temps normal.

Le virus peut voyager sur le matériel, il peut aussi se transmettre entre les différentes personnes impliquées dans ce commerce : des éleveurs irlandais qui vendent ces veaux sur les marchés aux bestiaux aux transporteurs internationaux, vétérinaires ou inspecteurs vétérinaires, douaniers, employés du centre de transit français, jusqu’aux éleveurs-engraisseurs. Ces veaux sont transportés dans des élevages où ils seront engraissés pendant 6 mois. Il ne s'agit pas de prévenir une "pénurie alimentaire" puisque ces veaux ne seront tués et transformés en viande que dans 6 mois. Ces transports non essentiels représentent des risques inutiles pour la santé publique

enquête transport veaux coronavirus

→ Voir l’enquête sur le transport des veaux

→ URL de l’enquête sur Youtube (format 16/9)

→ URL de l’enquête sur Youtube (format carré)

→ Voir et télécharger des images brutes (20')

→ Voir le rapport complet d’enquête

L’enquête montre que les conditions de transport sont extrêmement rudes pour ces veaux âgés de 2 à 3 semaines. Ces jeunes animaux sont affaiblis par le voyage, affamés et assoiffés du fait de l’absence de systèmes d’alimentation adaptés à bord des camions. Après un voyage ayant déjà duré 24 h (dont 18 h pour la traversée de la Manche), ils sont déchargés au centre de transit de Couville, près de Cherbourg, et alimentés dans la précipitation. Comme on peut le voir sur les images, les veaux reçoivent coups de pied et coups de bâton. Après une douzaine d’heures d’arrêt, ils sont rechargés dans les bétaillères pour être livrés à des élevages intensifs des Pays-Bas.
L214 a déposé une plainte formelle auprès de la Commission européenne contre les Etats français, irlandais et néerlandais pour violation du règlement 1/2005 relatif à la protection des animaux pendant le transport.

L214 et Eyes on Animals, ainsi que 36 autres ONG internationales, ont écrit à la Commission européenne pour exiger :

  • d’interdire immédiatement les transports d’animaux de plus de 8 h ;
  • d’interdire immédiatement les transports d’animaux par voies maritimes ;
  • d’interdire immédiatement les exportations d’animaux vers les pays tiers.

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L214 : « Le transport des veaux nourrissons sur de longues distances est intolérable d’une manière générale, mais qu’il soit maintenu en cette période à haut risque, c’est de l’inconscience ! Ces veaux, à peine sortis du ventre de leur mère, subissent plus de 50 heures de transport dans des conditions terribles : entassés à 300 dans des bétaillères sur 3 niveaux, assoiffés, manipulés avec violence, ils vivent un véritable enfer. Alors que les citoyens sont invités à la plus grande vigilance et au confinement, quand la plupart des entreprises doivent restreindre ou suspendre leur activité, les longs transports d’animaux absolument non essentiels se poursuivent au détriment de la sécurité de tous et de la protection des animaux. Le ministre de l’Agriculture français et l’Union européenne doivent stopper d’urgence les longs transports d’animaux. »

→ Voir l’enquête sur le transport des veaux

→ URL de l’enquête sur Youtube (format 16/9)

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→ Voir et télécharger des images brutes (20')

→ Voir le rapport complet d’enquête

Contacts presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Isis La Bruyère : 06 82 59 49 79

Tous les chiffres cités ci-dessous sont sourcés dans le rapport complet.

L’enquête menée par L214 et Eyes on Animals

Fin février et début mars 2020, quatre équipes de Eyes on Animals et L214 ont enquêté sur les conditions de transport de veaux nourrissons exportés depuis l’Irlande jusqu’aux Pays-Bas. 21 bétaillères se trouvaient à bord du ferry de la compagnie Stena Line, parti le mardi 3 mars 2020 au soir du port de Rosslare en Irlande, et arrivé le mercredi 4 mars 2020 à 16h30 au port de Cherbourg. Déchargés dans un centre de transit à Couville, près de Cherbourg, les veaux sont manipulés sans aucun ménagement comme le montrent les images de l’enquête. Après 13 h d’arrêt, rechargés dans les camions, les animaux n’arriveront à destination au centre d’engraissement au nord des Pays-Bas que le vendredi 6 mars à 1 h du matin.Ils auront parcouru plus de 2 000 km et traversé 4 pays (Irlande, France, Belgique, Pays-Bas), alors que leur jeune âge les rend particulièrement vulnérables. Ils sont stressés, éprouvés physiquement, fatigués, sous-alimentés et sous-abreuvés. Certains, trop affaiblis, sont euthanasiés en cours de route.

Demande urgente à la Commission européenne pour éviter la propagation du Covid-19

Le 19 mars, 38 ONG européennes de défense des animaux et 42 eurodéputés ont adressé des lettres à la Commission européenne pour rappeler les risques sanitaires à transporter des animaux vivants durant une pandémie et l’impossibilité de garantir le moins de souffrance possible aux animaux transportés dans ces temps de crise. Les ONG ont réitéré leur demande ce mardi 31 mars.

Le virus peut voyager sur le matériel, il peut aussi se transmettre entre les différentes personnes impliquées dans ce commerce : des éleveurs irlandais qui vendent ces veaux sur les marchés aux bestiaux aux transporteurs internationaux, vétérinaires ou inspecteurs vétérinaires, douaniers, employés du centre de transit français, jusqu’aux éleveurs-engraisseurs.

Par ailleurs, les frontières au sein de l’UE se ferment au gré des mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la propagation du virus. Les files d’attente aux frontières s’allongent, les bétaillères peuvent rester des heures en attente, et sont parfois contraintes de faire demi-tour. De même, les chargements à bord des navires encore en circulation voient leurs procédures se complexifier significativement : les temps d’attente dans certains ports ont triplé. Et si un chauffeur tombe malade pendant le trajet, lequel peut durer plusieurs jours comme le montre cette enquête, qu’adviendra-t-il des animaux ?

Les conditions de transport déjà difficiles en temps normal, a fortiori pour de si jeunes animaux, sont dégradées dans les circonstances actuelles.
L214 se joint à ces ONG et eurodéputés pour demander à la Commission européenne :

  • d’interdire immédiatement les transports d’animaux de plus de 8 h ;
  • d’interdire immédiatement les transports d’animaux par voies maritimes ;
  • d’interdire immédiatement les exportations d’animaux vers les pays tiers.

L’association diffuse une pétition portant ces demandes.

Le commerce des veaux nourrissons en Europe

L’Irlande compte presque autant de vaches que d’habitants. En 2019, l’Irlande a exporté plus de 200 000 veaux, principalement à destination de l’Espagne et des Pays-Bas. Toujours l’année passée, ce sont plus de 1 300 000 veaux nourrissons qui ont été transportés entre pays européens.

Parmi les veaux qui transitent au sein de l’Union européenne, beaucoup passent par la France de par sa position géographique centrale. La majorité part d’Allemagne, de France, de Pologne ou d’Irlande pour être engraissée notamment aux Pays-Bas, en Italie ou en Espagne.

Le centre de transit de Couville, près de Cherbourg

Situé sur la commune de Couville près de Cherbourg, il fait partie des centres de transit approuvés par l’UE. Il en existe 16 de ce type en France, dont 14 pouvant accueillir des bovins en transit sur de longues distances.

Ce centre a la capacité d’héberger 2 700 veaux non sevrés, ou 300 bovins. Il est ouvert 24 heures sur 24. Les images de l’enquête révèlent les maltraitances qui y sont pratiquées. Des opérateurs frappent les veaux à la tête avec un bâton pour les déplacer et les retirer des tétines. Certains leur donnent des coups de pied pour les faire avancer.

L’année dernière, l’enquête menée dans le centre de transit concurrent de celui-ci, à Tollevast près de Cherbourg, avait révélé des actes de cruauté sur les veaux, l'enquête ouverte par le Procureur de la République de Cherbourg est toujours en cours d’instruction.

→ Voir les images de l’enquête 2019

L'enfer des centres d'engraissement

Les Pays-Bas ont la plus grande densité de veaux au monde. Ils ont été les pionniers de l’engraissement intensif de veaux sur caillebotis (sol ajouré sans litière laissant passer les excréments dans une fosse), et se sont progressivement spécialisés. Ils ont d’abord commencé à engraisser les veaux issus de leur propre industrie laitière, puis se sont mis à en importer de toute l’Europe.

Ils ont importé 717 134 veaux nourrissons en 2019, principalement d’Allemagne, de Belgique, et d’Irlande. Ils les engraissent dans des élevages spécialisés particulièrement intensifs, les abattent, puis réexportent 95 % de la viande de veau obtenue, dont 80 % vers l’Italie, la France et l’Allemagne.

La bétaillère suivie par une équipe d’enquêteurs de L214 de Cherbourg jusqu’au Nord des Pays-Bas a livré près de 300 veaux à l’un de ces centres intensifs. Le propriétaire annonce sur son site internet que sa viande de veau serait particulièrement appréciée par les consommateurs français et italiens.

La viande de veau, sous-produit de l'industrie laitière

Dans la majorité des cas, les veaux engraissés pour leur chair sont issus d’élevages laitiers. Ceux-ci les considèrent comme des « déchets », des « sous-produits », car pour produire du lait, une vache laitière doit donner naissance à un veau chaque année. Seule une partie des veaux femelles est gardée pour renouveler le cheptel, les éleveurs se débarrassent de tous les autres (mâles et femelles).

Les veaux, âgés de 8 jours à 3 semaines, sont vendus pour quelques dizaines d’euros aux engraisseurs (de 60 à 140 euros environ, 89 euros en moyenne au sein de l’Union européenne).

→ Voir l’enquête sur le transport des veaux

→ URL de l’enquête sur Youtube (format 16/9)

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→ Voir le rapport complet d’enquête

Contacts presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Isis La Bruyère : 06 82 59 49 79

À propos de L214

L214 est une association de défense des animaux. Depuis ses débuts en 2008, elle a rendu publiques plus de 100 enquêtes révélant les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux. Ces vidéos ont permis de révéler les pratiques routinières et les dysfonctionnements d'une industrie qui considère et traite les animaux comme des marchandises.

Forte de plus de 50 000 membres, suivie par plus de 750 000 personnes sur Facebook, L214 a notamment obtenu l'engagement de plus de 180 entreprises à renoncer aux œufs de poules élevées en cage et aux pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets élevés pour leur chair et la création d’une commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage des animaux. Participant activement au débat démocratique, L214 est régulièrement sollicitée par les médias pour son expertise, et revendique l’arrêt de la consommation des animaux et des autres pratiques qui leur nuisent.

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