Faire un don

L214

éthique & animaux

Espace presse
Faire un don

Horreur à l’abattoir de truies de Briec en Bretagne

L’abattoir fait partie des unités de production des Mousquetaires – L214 demande sa fermeture

L214 dévoile aujourd’hui une nouvelle enquête1 menée dans l’abattoir SBA Briec dans le Finistère.
Cet abattoir est une unité de production du groupe Les Mousquetaires
2. 2300 truies3 y sont abattues chaque semaine. Il fournit l’enseigne Intermarché. L’abattoir se présente comme le « premier site Français spécialisé dans la première et deuxième transformation de coches. »

Les images, présentées par l’écrivain Frédéric Lenoir, montrent des pratiques et des installations non conformes à la réglementation, qui entraînent des souffrances extrêmes pour les animaux et qui sont dangereuses pour les employés. Un rapport des services vétérinaires de 2016 avait déjà identifié les dysfonctionnements4 qui perdurent 5 ans plus tard (voir les précisions sous l’encadré).

L'enfer des truies à l'abattoir de Briec

→ Voir l’enquête et la pétition

→ Voir la vidéo d’enquête sur YouTube

→ Voir et télécharger des images brutes (1 h 28)

→ Voir et télécharger des photos de l’enquête

→ Voir le rapport des services vétérinaires de 2016

L’abattoir de Briec est spécialisé dans l’abattage des truies de réforme5 (appelées aussi « coches »). Ces truies ont passé leur courte vie dans un élevage intensif à donner naissance à des porcelets. Après 3 années enfermées, pour moitié du temps dans des cages individuelles, épuisées, blessées, elles sont envoyées à l’abattoir.

Sur les images, on peut voir :

  • des truies (et des verrats) blessées et tremblantes dans la porcherie de l’abattoir ;
  • des truies trop faibles qui ont été tuées à leur arrivée à l’abattoir et qui sont treuillées au-dessus des vivantes ;
  • des truies paralysées, poussées dans les couloirs de l’abattoir à coups de pied et d’aiguillon électrique ;
  • l’aiguillon électrique utilisé en toutes circonstances, appliqué sur toutes les parties du corps des animaux et intentionnellement dans l’anus et sur les yeux ;
  • les animaux coincés dans les couloirs au point de devoir être tués sur place ;
  • le box d’immobilisation inadapté aux différents gabarits de cochons et dangereux pour les employés. L’opérateur se sert de la pince à électronarcose (pince qui sert à électrocuter les cochons) pour contrôler les animaux paniqués, alors qu’elle devrait être exclusivement utilisée pour l’étourdissement des animaux. Ils reçoivent des chocs extrêmement douloureux ;
  • une pince à électronarcose défaillante. Si la pince à électronarcose était réglée correctement, elle entraînerait l’inconscience des animaux de façon quasi immédiate. Ici, la pince est appliquée de longues secondes pour paralyser les animaux, trahissant de mauvais réglages et des animaux en grande souffrance avant leur mise à mort.

L214 demande un audit de tous les abattoirs

L214 demande la fermeture d’urgence de l’abattoir et adresse une pétition à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, et à Michel Mahé, préfet du Finistère, pour appuyer cette demande.

L214 porte plainte pour sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Quimper et demande à la justice de sanctionner sévèrement la direction de l’abattoir ainsi que les services vétérinaires du département.

L214 introduit un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation.

En 2016, suite à d’autres enquêtes de l’association, un audit montrait que 80 % des chaînes d’abattage des animaux de boucherie présentaient des non-conformités6. Cette nouvelle enquête fait suite à trois autres enquêtes en abattoir révélées en 2020. Toutes pointaient de graves dysfonctionnements, reconnus par les services de l’État : menace de fermeture pour l’abattoir de dindes de LDC (décembre 2020), fermeture pour l’abattoir d’agneaux Roquefort (juin 2020), fermeture temporaire pour l’abattoir de veaux Sobeval (février 2020). À la lumière de ce constat, L214 demande au ministre de l’Agriculture un nouvel audit généralisé de tous les abattoirs de France.

Pour Sébastien Arsac, porte-parole de l’association L214 : « Une nouvelle enquête, un nouveau scandale. La responsabilité des services vétérinaires et du groupe Les Mousquetaires à qui appartient cet abattoir est totale. Une fois de plus, on constate l’extrême souffrance des animaux pour la viande. “L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà…” disait Victor Hugo. Avec cet abattoir de Briec en Bretagne, nous y sommes totalement. »

1. Les images ont été tournées par un lanceur d’alerte toute fin janvier et février 2021.
2. Cf. La filière porc Agromousquetaires sur le site Internet de l’abattoir.
3. Cf. la section Notre activité sur le site Internet de l’abattoir.
4. Rapport d’inspection de la DDPP du Finistère du 21 avril 2016.
5. Cf. la section Notre activité sur le site Internet de l’abattoir.
6. « Abattoirs : la synthèse des audits » sur le site du ministère de l’Agriculture.

Inaction des services vétérinaires

Suite à plusieurs enquêtes diffusées par L214 en 2015 et début 2016, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Stéphane Le Foll, avait ordonné un audit généralisé de tous les abattoirs de boucherie. C’est dans ce contexte que les services vétérinaires ont inspecté l’abattoir SBA Briec. L’évaluation globale avait conclu à la note « B – Non-conformité mineure » pour l’abattoir. Les inspecteurs avaient relevé nombre d’infractions qu’on retrouve sur ces images de 2021.

Extraits du rapport de 2016 :

  • « Présence d’un treuil au-dessus du couloir 4 générateur de stress pour le lot d’animaux logé lors de l’utilisation de celui-ci. »
  • « Délai entre la narcose et la saignée dans la limite du délai préconisé en cas de treuillage vers la chaîne avant saignée, rappel a été fait à l’opérateur sur le respect du MON [mode opératoire normalisé] qui indique une saignée sur place, dans la case des MAP [mal à pied : animal qui a des difficultés à se déplacer ou n’arrive plus à se déplacer]. »
  • « Observation d’animaux coincés par deux dans ce couloir. Mélange de gabarits avec écrasement de petits gabarits par les plus gros. »
  • « Piège ne limitant par le cabré. Pas d’utilisation suffisante du réducteur de longueur, lié à l’amenée sans tri préalable des gabarits. »
  • « Application de la pince observée parfois à des points différents de ceux préconisés par les MON : au niveau de l’encolure ou même des épaules, notamment lors d’immobilisation insuffisante. »

Cinq ans plus tard, tous les problèmes relevés par la DDPP perdurent. Certains relèvent de la structure même des installations de l’abattoir (conception des couloirs et du piège), qui n’ont pas été corrigées.

→ Voir le rapport des services vétérinaires de 2016

L’étourdissement à la pince à électronarcose

La pince à électronarcose et son utilisation sont défaillantes : la méthode utilisée consiste à appliquer la pince sur la tête des cochons de telle sorte qu’un courant traverse le cerveau pour déclencher une crise épileptique et ainsi provoquer l’insensibilité. Dans un deuxième temps, l’opérateur applique la pince sur le dos des cochons pour arrêter le cœur. Si la pince à électronarcose est mal appliquée sur la tête, l’application sur le dos entraîne des chocs électriques extrêmement douloureux pour les animaux. Mal appliquée, cette méthode provoque une paralysie des animaux sans les insensibiliser. C’est l’électro-immobilisation.

C’est ce qu’explique Temple Grandin, référence mondiale sur l’étourdissement des animaux dans les abattoirs :
« Failure to induce a seizure will result in an animal that may be paralysed and sensible to pain.” “It will feel a large electric shock or heart attack symptoms, even though it may be paralysed and unable to move. »

→ Lire « Electric Stunning of Pigs and Sheep » par Temple Grandin

À l’abattoir de Briec, du fait de l’absence d’immobilisation des animaux, l’employé se retrouve fréquemment en difficulté, il doit attraper les cochons en mouvement avec la pince. Celle-ci est parfois mal positionnée, ou bien l’employé doit s’y prendre à plusieurs reprises. Il arrive même que l’employé se serve de la pince pour renverser un cochon qui tente de s’échapper.

L’élevage porcin en France

En France, 95 % des cochons sont élevés selon le modèle le plus intensif : une vie sans paille ni accès à l’extérieur. Les truies reproductrices sont maintenues environ la moitié de leur vie dans des cages individuelles étroites qui ne leur permettent pas de se retourner : cages de gestation (durant 4 semaines après la saillie puis 1 semaine avant la mise bas) et cages de maternité (durant la période de mise bas et d’allaitement des porcelets). Le reste du temps, la réglementation demande à ce qu’elles soient gardées en enclos de groupe.

Dans la filière porcine, les gains de productivité obtenus par la zootechnie (sélection génétique, alimentation, techniques d’élevage…) semblent sans limites. Ils continuent année après année à progresser dans les élevages de cochons, au détriment de la santé des animaux.

Alors que les truies « produisaient » 16 porcelets par an en 1970, elles en donnent aujourd’hui 29. Pour parvenir à de tels chiffres, les porcelets sont sevrés toujours plus tôt, et l’intervalle entre le sevrage et la nouvelle saillie est sans cesse réduit. Les truies, épuisées, sont envoyées à l’abattoir vers l’âge de 33 mois.

→ En savoir plus sur l’élevage des cochons en France

Tenez-vous informé·e de nos actualités !